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Les plans "climat" des multinationales sont-ils insuffisants ?

Vendredi 11 Mars 2022

Les plans

Qu’il y ait encore beaucoup de pain sur la planche environnementale dans le monde des entreprises n’a sans doute rien de bien surprenant, malgré les efforts et l’attention que de nombreuses grandes multinationales accordent déjà à la réduction de leur impact écologique. On le voit dans leurs objectifs comme dans leur communication et c’est confirmé par une étude récente menée par les groupes de recherche NewClimate Institute et Carbon Market Watch.

L’étude a passé au crible 25 des plus grandes multinationales au monde, responsables de 5% des émissions mondiales. Ces entreprises ont été évaluées sur base de quatre critères : la manière dont elles mesurent et communiquent leurs propres émissions, leurs objectifs de réduction, la manière dont elles limitent leurs propres émissions, et leur soutien à d’autres projets climatiques.

La conclusion peut paraître assez sombre : selon l’étude, chacune des entreprises évaluées a mis en place des plans qui ne sont crédibles que pour une réduction de 40% de leurs émissions, sur une période durant laquelle elles prétendent vouloir atteindre la neutralité climatique.

Selon les chercheurs, ces résultats décevants sont dus, entre autres, à l’imprécision de nombreux objectifs, mais surtout aux émissions dites de "Scope3" : il s’agit des émissions indirectes des entreprises (causées par exemple par le transport des matières premières, les déplacements de leurs employés-navetteurs ou l’utilisation du produit lui-même). Alors que de nombreuses sociétés ne reprennent pas ces émissions dans leurs objectifs climatiques, celles-ci représentent 87% des émissions totales des entreprises étudiées. 

Autres points défavorables : la préférence accordée à la compensation plutôt qu’à l’élimination des émissions (en plantant des forêts par exemple) et l’absence d’objectifs suffisants à court terme. Or, ceux-ci sont plus cruciaux que jamais, malheureusement…

Verre à moitié vide ou à moitié plein ? « Le problème avec ce genre d’analyses et de résultats, c’est que nous sommes confrontés à un manque cruel de standards universels qui permettrait d’évaluer mieux et de façon objective les efforts fournis », estime Wim Vermeulen, Director Strategy & Sustainability chez Bubka. 

« Le besoin de régulation en la matière devient de plus en plus pressant, c’est une matière et une mission que les instances publiques devraient prendre en charge le plus vite possible. Sinon, on risquerait de tomber dans une attitude très négativiste et fataliste par rapport à la durabilité. Il faut savoir qu’il s’agit de processus et de changement à terme qui engloberont plusieurs générations de dirigeants d'entreprise. 2050 en tant qu’échéance ne pourra jamais préoccuper l’actuel CEO ; l’implémentation sera pour son successeur et la réalisation pour le sien. Il n’est pas réaliste d’attendre un niveau très détaillé des engagements et des plans actuels ; il faut leur laisser l’avantage du doute. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas se montrer critique et vigilant. »

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