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La recherche spatiale peut-elle contribuer à la transition écologique ?

Dimanche 23 Avril 2023

La recherche spatiale peut-elle contribuer à la transition écologique ?

Il y a quelques mois, des chercheurs de l'ULiège ont découvert une "super-terre" potentiellement habitable, qu'ils ont baptisée Speculoos-2c. Elle se trouve dans la zone dite "habitable" de son étoile - la région de l'espace où les conditions sont favorables à l'apparition de la vie telle que nous la connaissons : ni trop loin de son soleil pour que l'eau ne gèle pas ni trop proche pour que celle-ci ne s'évapore pas… Elle tourne autour de Speculoos 2, une petite étoile froide située à une centaine d’années-lumière de nous. Cette découverte a fait l'objet d'une publication dans le journal Astronomy & Astrophysics : Speculoos 2c serait la deuxième cible la plus favorable parmi les planètes potentiellement habitables actuellement connues. Deuxième derrière Trappist-1, également découverte par des astrophysciens liégeois, en 2016. 
 
Trappist-1 et Speculoos 2 pourront-elles sauver l’espèce humaine ? 
 
On se dit qu'il faudra encore du temps avant de faire copain-copain avec des extra-terrestres alcooliques ou diabétiques, en dépit de l'émergence des méga-fusées de nouvelle génération façon Starship, censés préparer la conquête de Mars. Progrès tout relatif puisque comme on le sait, trois minutes après son décollage, le bijou technologique a explosé en vol, arrosant de débris et de carbone noir les habitants de Port Isabel, près du site de lancement de SpaceX.
 
Starship, le bijou technologique ultra médiatisé de Musk que l’on décrit aussi comme une bombe écologique.  
 
L'an dernier, une étude de la National Oceanic and Atmospheric Administration américaine alertait déjà sur les risques que fait planer une augmentation significative des vols spatiaux sur la couche d'ozone protectrice de la terre. 
 
Dans une analyse très complète sur la question, la plateforme Youmatter rappelle que, même si la pollution liée à l’industrie spatiale est finalement très faible comparée à d’autres types de pollutions (automobile, énergie, agriculture…), le débat cristallise la problématique de l’équilibre entre l’utilité sociale d’une activité et les impacts environnementaux qu’elle génère.
 
D’un côté, une utilité sociale plutôt limitée et au demeurant inégalitaire, quand envisagée sous l’angle du tourisme spatial par les Musk, Branson et Bezos de ce monde. 
 
De l’autre, une utilité sociale beaucoup plus prometteuse, à la fois défendue par l'industrie et de nombreux scientifiques, forcément : l’exploration spatiale pourrait permettre de trouver de nouvelles ressources utiles pour notre planète, contribuer à des avancées en matière d’énergie propre, de recherche en matière de santé, ou de protection de la biodiversité… Sauf que, on n’y est pas vraiment. 
 
Selon le Science and Technology Policy Institute, nous rappelle Youmatter, 40% du budget du secteur va aux telcos et près d’un quart du financement spatial à des applications militaires. Une part significative alimente aussi le secteur de la navigation par satellites… pour le secteur automobile. 
 
L’autre enjeu qui entoure les thématiques de l’exploration spatiale et de la transition écologique est celui de la colonisation. Pour certains, la piste d’une Planet B serait la seule réaliste pour préserver l’humanité. Mais même si elle s’avérait possible, à court terme, la démarche semble à la fois illusoire et contre-productive, tant elle implique de poursuivre un extractivisme destructeur qui ne ferait qu’accélérer la crise écologique actuelle, analyse Youmatter.
 
Et de conclure : « La problématique illustre donc bien l’enjeu majeur que nous devons relever pour faire face à la crise écologique : celui de la sobriété. Fondamentalement, nous devons réapprendre à hiérarchiser et prioriser nos besoins. En l’état, la conquête spatiale ressemble donc plus à l’exportation toujours plus loin de nos capacités destructrices qu’à une aventure collective positive et raisonnable d’exploration de l’inconnu. » 
 
« En quelque sorte, un mythe d’Icare où les étoiles remplaceraient le soleil. » Et c’est joliment dit. 

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