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Vinz Kanté (Limit): "Je suis un militant radical, qui considère le problème du changement climatique à la racine"

Mardi 28 Février 2023

  Vinz Kanté (Limit):

D’animateur, journaliste, producteur et influenceur à militant radical, c’est le parcours atypique de Vincent Kanté, dit "Vinz", qui, durant le premier confinement, a eu un véritable électrochoc et une prise de conscience elle aussi radicale, de l’urgence climatique. Et ce, au point d’en faire son cheval de bataille, voire sa raison de vivre et de travailler, notamment au travers de la plateforme Limit. 

D’où vient votre engagement et comment avez-vous basculé de la promotion publicitaire au militantisme climat ?
 

J’ai toujours été sensible à la situation du monde en général - les guerres, la pauvreté, les inégalités sociales… -, davantage qu’à l’écologie en particulier. Tout a basculé lors de la crise sanitaire et du premier confinement, quand j’ai eu le temps de creuser un peu plus profond toutes ces questions, à commencer par les virus, l’environnement ou encore les changements climatiques. De fil en aiguille, cela m’a tout naturellement amené à m’intéresser également à la question énergétique, l’épuisement des ressources, etc.
 
En un mot, à l’Écologie avec un grand "É", et plus précisément les interactions entre les espèces vivantes, qu’elles soient humaines, animales ou végétales, dans un environnement avec des ressources, et comment elles vivent et survivent là-dedans.
 
Tout cette littérature scientifique, mais aussi le rapport du GIEC, que j’ai eu tout le loisir de lire dans son intégralité, m’ont profondément bousculé psychologiquement parlant. Jusque-là, je n’avais pas réalisé à quel point la situation était grave et, surtout, qu’il était urgent d’agir : contrairement à ce qu’on nous rabâche, ce n’est pas pour demain ou les prochaines générations, mais pour aujourd’hui, voire hier. L’urgence climatique, c’est du très court terme.
 
Cette révélation en a amené une autre : tout ce que je faisais dans la vie avant la crise sanitaire - l’animation radio, le marketing de grandes marques, une vie d’abondance et de voyages - n’était plus du tout compatible, et, si je continuais sur la même voie, le paradoxe entre toutes les informations que je venais d’emmagasiner et m’a façon de fonctionner de l’époque, allait me rendre complètement fou ! 
 
J’ai donc pris la décision radicale de switcher de vie.
 
Justement, vous vous définissez comme un militant radical. Quel sens donnez-vous au mot "radical" ?
 
Le mot "radical" est généralement mal connoté. Pour la plupart des gens, il fait immédiatement penser à radicalisme, extrémisme, terrorisme, etc. Ce n’est pas le sens étymologique du terme, qui, en réalité, signifie "prendre le problème à la racine".
 
C’est exactement ce que je fais, en me positionnant comme un militant qui propose une modification en profondeur des systèmes, de notre manière de concevoir le monde, la vie, l’environnement et notre présence sur terre. Autrement formulé, oui, je suis un militant "radical", qui considère le problème du changement climatique à la racine.
 
Pouvez-vous expliquer l’objectif de Limit ? Comment se déploie-t-il ? Quel est son business model ?
 

Limit est une plateforme et un média purement associatifs, dont la raison d’être est d’aborder, sans aucun détour, les thématiques qui englobent les "limites" de la planète, et, partant, d’alerter sur les enjeux environnementaux. L’objectif est également de vulgariser tous ces sujets souvent complexes, en essayant de ne pas de rendre le public éco-anxieux, mais d’entamer une révolution culturelle immédiate.
 
Sous cet angle, on ne peut donc pas parler de "business model" à proprement parler, mais plutôt de "modèle de sens ", en étant toujours attentif et certain que le contenu que nous proposons touche suffisamment les esprits et les cœurs, quel que soit leur milieu socio-économique ou socio-culturel, et que cela pousse le plus grand nombre à passer enfin à l’action.
 
Vous avez également lancé la série "Bad Influence", qui interpelle le monde des influenceurs sur leur rôle dans la promotion du consumérisme. Comment est-elle accueillie dans le milieu ?
 
Avec beaucoup d’intérêt ! Et ce, aussi bien par les influenceurs belges que français, à qui j’ai envoyé la première vidéo avec Jill, et qui m’ont tous répondu qu’ils seraient ravis de participer à la série. 
 
Les influenceurs sont également des moyens de transformation. C’est pour cela que nous les invitons à participer au projet, à côté des experts et des scientifiques, parce que c’est par leur entremise que les informations circulent mieux et que nous sensibilisons un maximum de monde.
 
D’autres tournages sont déjà prévus, notamment avec des experts qui font partie du GIEC ou encore Jean-Marc Jancovici, membre du Haut conseil français pour le Climat, qui a accepté de participer à une vidéo avec des influenceurs de télé-réalité.
 
C’est important. Ce sont deux mondes qui, d’habitude, ne se parlent jamais, et le fait qu’ils commencent à le faire, va permettre de gagner énormément de temps et accélérer la transition nécessaire, voire inéluctable, car inscrit dans nos limites planétaires et nos ressources géologiques.

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