On aurait pu, par Eric Hollander et Stéphane Buisseret (Air)

On aurait sans doute pu revendre notre agence - oh, pas forcément avec les multiples d’une startup dans les Fintech -, mais raisonnablement : il y a des clients, une équipe rajeunie et très pro, un gros track record, une bonne réputation créative et une certification B-corp qui pourrait intéresser un grand groupe. On aurait pu.
 
On aurait pu gagner un peu d’argent, le placer à du 3 ou 4% - ou boursicoter frénétiquement pour essayer de faire du 10%, vivre plus ou moins largement, se mettre au golf ou au yoga, péter un peu de kérosène comme font les gens fraîchement retraités qui ont des envies légitimes de voyages après une vie de dur labeur. On aurait pu.
 
On aurait probablement pu vendre à un groupe français ou américain, signé pour trois ou cinq ans histoire d’accompagner la transition jusqu’à notre earn-out qui, pour un ou deux zéros de plus, nous aurait forcément conduits à essayer d’augmenter rapidement les profits en réduisant les coûts, en rognant sur la qualité, en baissant les tarifs ou en augmentant le nombre de clients à un rythme insoutenable pour les équipes, jusqu’au changement de nom qui aurait achevé de gommer l’identité et la spécificité de Air. On aurait pu.
 
On aurait pu renoncer à notre indépendance, à notre engagement, à nos combats, à nos chères ONG (dans tous les sens du terme), à nos partenaires choisis et pas subis. On aurait pu…
 
Et puis en fait, non : on n’aurait pas pu. Ni l’un, ni l’autre. 
 
Il y a chez Air un gang de jeunes trentenaires qui épousent 100% des valeurs de l’agence, les nourrissent et les enrichissent depuis plusieurs années. Ils pérennisent et rafraîchissent une culture d’entreprise forte, avec une envie et une exigence qui augurent d’un bel avenir. 
 
Nous avons eu envie de poursuivre avec eux, et eux avec nous. Ce faisant, nous montrons non seulement que l’inclusion n’est pas chez nous un vain mot - sous l’œil bienveillant de notre nouvelle CEO, les vieux se mettent au service des jeunes qui ne méprisent pas leur expérience - mais de surcroît, nous mettons en application les 3R de l’économie circulaire :
 
Reduce : Rien de plus énergivore que de lancer une entreprise aujourd’hui. En poursuivant l’aventure Air, nos nouveaux associés disent non au gaspillage de leurs ressources qu’ils vont pouvoir concentrer sur l’essentiel : créer pour nos clients les idées fortes qui accélèrent le changement.
 
Re-use : La marque Air jouit d’une belle notoriété et d’une expertise reconnue. Elle fonctionne bien malgré ses 30 ans, elle ne demande qu’à servir encore longtemps, pourvu qu’on en prenne soin et que l’on répare à temps ce qui doit être réparé. C’est exactement ce que nous avons fait avant de confier le volant de l’opérationnel à Pauline Héraly (CEO & Partner) et Arnaud Bailly (Creative Director & Partner)
 
Recycle : C’est l’étape décisive dans l’économie circulaire. D’après Wikipédia, le recyclage consiste à "récupérer les matériaux des produits en fin de vie pour s’en servir comme matières premières pour de nouveaux produits". Pas encore en fin de vie, ce rôle nous convient pourtant parfaitement. Notre cumul d’expériences, de stratégies, de campagnes, de rencontres, de victoires et d’échecs est là,  prêt à être recyclé par ceux que nous accompagnerons désormais. 
 
Franchement, on n’aurait pas pu rêver mieux.