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239 agences dans le viseur de la F-List de Clean Creatives

Jeudi 29 Septembre 2022

239 agences dans le viseur de la F-List de Clean Creatives

Il y a quelques jours, à l'occasion de la Semaine du climat, la communauté Clean Creatives s'est à nouveau illustrée en inondant les rues de New York d'affiches incitant les agences qui travaillent pour des entreprises actives dans l'industrie fossile à rompre leurs liens avec ces clients.

Apparue aux Etats-Unis en 2019 et désormais également active en Afrique du Sud, Clean Creatives regroupe des professionnels des RP et de la pub - créatifs et stratèges - qui militent activement pour révéler les relations intentionnellement dissimulées entre les agences et leurs clients de l'industrie des combustibles fossiles. De l'intérieur, le groupement entend également sensibiliser le personnel des agences à ce qu'il considère comme une participation à la désinformation climatique.

« Tant que les agences continueront à s'engager dans les relations avec les pollueurs, ces entreprises seront l'un des plus grands obstacles au progrès climatique. Il est temps qu’elles fassent preuve de transparence », estime Duncan Meisel, Executive Director de Clean Creatives. « Au cours des 30 dernières années, les groupes de communication sont devenus les alliés les plus précieux de l'industrie des combustibles fossiles, avec des contrats représentant des milliards de revenus. Depuis les années 1990, les cinq grandes compagnies pétrolières ont dépensé plus de $3,6 milliards en Reputation Marketing, dont une grande partie vise à projeter une image écologiquement et socialement responsable ».

En 2021, avec Comms Declare, groupe de défense du climat dans le secteur du marketing, de la publicité et des médias, Clean Creatives lançait son "F-List", un rapport qui recensait alors plus de 90 agences qui travaillent avec des clients actifs dans le secteur des énergies fossiles. Pour l'édition 2022, le spectre de la recherche a été étendu aux régions d’Amérique latine et d’Asie du Pacifique, avec un total de… 239 agences.

Le principe de la F-List consiste à passer au crible les déclarations de durabilité faites par les plus grandes agences, et à les comparer à leurs portefolios de clients.

Même si la plupart de ces agences ont supprimé de leurs sites web la plupart des références à leurs clients du secteur des combustibles fossiles, Clean Creatives affirme que ses équipes de recherches sont parvenues à exploiter les archives d’internet pour faire la lumière sur ces relations. 

L’acteur principal dans le viseur du rapport est Saudi Aramco pour qui pas moins de 17 agences travailleraient - IPG en tête, bien que toutes les autres holding entretiennent également des liens avec la première compagnie de pétrole mondiale. Edelman - l'agence du fameux "Trust Barometer" - conserve quant à elle son titre d’agence indépendante effectuant le plus de travaux pour les entreprises du "Big Oil". 

« Les agences de publicité et de RP ont été averties pendant des décennies que leurs relations avec les entreprises de combustibles fossiles nuisaient non seulement à leur propre réputation, mais aussi à celle de leurs clients "propres" », déclare Duncan Meisel. « Jusqu’à présent, leurs dirigeants ont choisi d’ignorer ces avertissements, avec de graves conséquences sur la planète et sur leur capacité à garder les jeunes talents ».

Une tendance qui pourrait se renforcer : selon une étude menée par Glimpse - l'équivalent britannique de Clean Creatives - et YouGov sur 100 jeunes créatifs âgés de 18 à 30 ans au Royaume-Uni, 63% déclaraient se sentir mal à l’aise à l’idée de travailler sur des clients qui émettent de larges quantités de CO2, et que 40% se sentaient ouverts à l’idée de refuser un job les concernant.

L'étude de Clean Creatives est disponible ici.

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