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Artivisme ou vandalisme ?, par Fred Bouchar (MM)

Vendredi 28 Octobre 2022

Artivisme ou vandalisme ?, par Fred Bouchar (MM)

L'Art est un rempart puissant contre la Barbarie ; c'est un supplément d'âme, une utopie, quelque chose qui nous élève… Ces mots ne semblent plus faire écho dans notre monde anxiogène détraqué. 

Comme ce fut le cas à l'époque des fous furieux de Daech, le vandalisme du patrimoine artistique mondial est devenu l'un des leviers médiatiques favoris des militants pour le climat. Hier encore, selon un modus operandi désormais éprouvé, trois membres belges du collectif Just Stop Oil s’en sont pris à la Jeune Fille à la Perle de Vermeer exposée au Mauritshuis à Amsterdam. A l'inverse des Tournesols de Van Gogh aspergés de soupe Heinz ou des Meules de Monet recouvertes de purée (Mousline ?) quelques semaines plus tôt, le tableau n’a pas subi d’entartrage, mais nul doute que ces images feront aussi le tour du monde.

Vermeer, Monet, Van Gogh et avant eux, Constable, de Vinci, Boticelli ou Giacometti… Pourquoi leurs œuvres et les musées qui les abritent, sont-ils devenus la cible des activistes climatiques ? Une question qui en appelle une autre : « L’art vaut-il mieux que la nourriture et que la justice ? Êtes-vous plus préoccupés par la protection des œuvres d’art que par celle de la planète et des humains ? », lançait une jeune militante de Just Stop Oil après l'attaque des Tournesols à la National Gallery. Mais encore ?

Comme c’est le cas pour la plupart des "stunts" dont raffolent les publicitaires, ces actions de guérilla frappent les esprits, mais les messages derrière sont beaucoup moins entendus. Et puis, on peut surtout se demander s’ils servent la cause climatique. 
 
Sur Twitter, François Gemenne, professeur à l'Institut d'études politiques de Paris, directeur de l'Observatoire Hugo dédié aux migrations environnementales à l'Université de Liège et membre du Giec, qualifiait ce type de happening censément arty de vandalisme. 
 
Pour lui, la raison scientifique portée par le Giec sera de plus en plus inaudible si les activistes climatiques persistent à cultiver l’électrochoc émotionnel : « Leur performance a surtout conduit à aliéner une bonne partie du public à la cause du climat. Un public indécis que nous essayons de convaincre depuis des années. Jamais je n’ai reçu une telle gifle en pleine figure. Jamais je n’ai ressenti un tel mépris pour mon travail. »
 
Jusqu’où peut-on aller pour sensibiliser et comment provoquer un sursaut climatique ? C’était déjà la question posée par le film Don’t Look Up. « Les climatologues ont jusqu'à présent supposé qu'en martelant des faits irréfutables, ils pourraient initier le changement requis. Malheureusement, il s'avère que ce n'est pas le cas », confirme Wim Vermeulen dans l’interview que vous découvrirez ci-après
 
Un Wim Vermeulen plus convaincu que jamais que c’est aux marketers et aux publicitaires d’exploiter « la puissance de narration de nos 600 milliards de dépenses publicitaires annuelles pour susciter ce changement de comportement nécessaire chez les citoyens et les entreprises ».  

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