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Walzing Matilda, par Griet Byl (MM)

Dimanche 3 Octobre 2021

Walzing Matilda, par Griet Byl (MM)

Il y a une dizaine de jours, Netflix annonçait l'acquisition de la Roald Dahl Story Company pour un montant évalué à $686 millions selon le FT. Soit la somme la plus élevée jamais payée par Netflix pour un deal. Le géant du streaming et les héritiers de l'écrivain britannique décédé en 1990 avaient déjà conclu un partenariat il y a trois ans, portant sur quelque 16 titres en vue de créer des films et séries basés sur ses histoires. L'accord comprenait, par exemple, les droits de diffusion d’un film inspiré par l’imaginaire de Charlie et un dessin animé mettant en scène le Bon Gros Géant. 

Mais voilà que maintenant Netflix est l'heureux propriétaire de tous les écrits de Roald Dahl. Objectif : créer un univers unique, non seulement avec des films et des séries basés sur les célèbres personnages de l'auteur, mais aussi des jeux, des expériences immersives, du théâtre, du merchandising, etc. Un peu à la manière Studio 100 avec son modèle de divertissement omnichannel autour de Kabouter Plop.

« Les livres de Roald Dahl ont été traduits en 63 langues et plus de 300 millions d'exemplaires ont été vendus dans le monde. Des personnages comme Matilda, Fantastic Mr. Fox, Willy Wonka ou BGG, ont capturé l'imagination de plusieurs générations d'enfants et d'adultes », déclare Netflix dans son communiqué de presse. « Leurs histoires et leurs messages qui parlent de la puissance et du potentiel semblent plus pertinents que jamais. »

Pourquoi ces histoires seraient plus pertinentes aujourd'hui qu’hier n’est pas très clair : les héros quelque peu excentriques et résolument anticonformistes de Dahl, qui regardent le monde avec des yeux plutôt effrontés, nous semblent appartenir à tous les temps. Ce que confirme Netflix par ailleurs : « En faisant découvrir ces contes intemporels à un public plus large dans de nouveaux formats, nous nous attacherons à conserver leur esprit unique et leurs thèmes universels de surprise et de douceur ; dans le même temps, nous ajouterons également un peu de magie fraîche au mélange. »

Nous voilà donc avertis. A voir ce que Netflix fera exactement de ces histoires et dans quelle mesure les fans inconditionnels de Dahl apprécieront ces touches de magie nouvelle, mais la possibilité qu’à l’instar de la malheureuse Jessica Rabbit récemment, les héros et héroïnes dahliens se voient attribuer des traits moins prononcés et plus politiquement corrects, est réelle. Ce qui ouvrirait un débat des plus intéressants sur l’avenir de notions telles que l’originalité, la propriété intellectuelle et la vérité historique d’une part et la création artistique et le devoir moral ou sociétal d’autre part.

Quoi qu’il en soit, le motif du rachat est évident : en se concentrant sur des histoires pour enfants mondialement connues, Netflix espère renforcer sa position dans la guerre du streaming féroce notamment avec son rival Disney+ (116 millions d’abonnés vs. 200 millions pour le leader). Ce serait un argument de taille aussi contre une éventuelle "subscription fatigue" qui pointerait son nez aux Etats-Unis... L’ajout d’un univers de qualité comme celui de Dahl permettrait aussi à Netflix de renforcer son image, en développant une sorte de "marque déposée". Espérons juste Matilda reste inchangée. Pour prendre les devants, du coup, à côté du lit se trouve déjà une petite pile d’originaux pour éduquer la prochaine génération.

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