Nl

INTELLIGENCE

Silence, on tourne, par Griet Byl (MM)

Samedi 13 Septembre 2025

Silence, on tourne, par Griet Byl (MM)

Les dépenses totales consacrées aux œuvres originales européennes (hors actualités et droits sportifs) se sont élevées à 25,1 milliards d'euros en 2024, dont deux tiers proviennent des diffuseurs et un tiers des plateformes de streaming mondiales. C'est ce qui ressort d'un rapport récent (et comme toujours intéressant) de l'Observatoire européen de l'audiovisuel, qui examine régulièrement un aspect du paysage audiovisuel européen.

Cette fois, l'institut s'est penché sur l'évolution des dépenses consacrées aux contenus européens originaux au cours des dix dernières années. L'analyse montre tout d'abord que les investissements mondiaux dans les contenus par les grands services de streaming ont augmenté ces dernières années, mais que la part des dépenses consacrées aux contenus européens est en hausse. Disney+ en particulier semble avoir considérablement augmenté ses investissements dans les contenus européens originaux au cours des dix dernières années. Les obligations légales dans certains pays y sont certainement pour quelque chose, tout comme la nécessité de se positionner spécifiquement et de répondre aux attentes des abonnés dans un marché de plus en plus concurrentiel où le taux de désabonnement est très élevé.

La majeure partie des budgets européens est consacrée aux séries et une très petite partie aux films (90% contre 10%). Cela ne surprendra sans doute personne : les gens sont tout simplement accros à leur dose quasi quotidienne d'épisodes et la production de films coûte toujours beaucoup plus cher que celle de séries.

Autre constatation frappante du rapport : le contenu original représente 38% des dépenses des diffuseurs européens. Le reste est consacré à l'achat de programmes d'une part et à des droits sportifs de plus en plus coûteux d'autre part. Ces deux postes représentent respectivement 27% et 25% des dépenses des diffuseurs.

Les montants consacrés aux droits sportifs augmentent d'ailleurs beaucoup plus rapidement que dans n'importe quelle autre catégorie. Cela tient sans doute en grande partie au rôle que le sport – tout comme les émissions en direct – a toujours joué tant dans l'expérience visuelle des fans que dans le positionnement des médias audiovisuels. Alors que le sport sous toutes ses formes a longtemps été le terrain de jeu privilégié des diffuseurs, il figure aujourd'hui de plus en plus souvent sur la liste des souhaits des streamers, qui expérimentent ainsi tous les éléments constitutifs du modèle de diffusion, obligeant les acteurs traditionnels à se réinventer sans cesse, alors que leurs sources de revenus sont partout sous pression.

Et pendant ce temps, l'IA fait des ravages, y compris du côté des producteurs de contenu européens. On se demande comment cela sera reflété dans le prochain rapport de l'Observatoire. En attendant, allez donc voir "Sirat" d’Oliver Laxe au cinéma. 
 

Archive / INTELLIGENCE