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Seen from Space: pourquoi la distribution de la presse est un sujet brûlant

Vendredi 1 Décembre 2023

Seen from Space: pourquoi la distribution de la presse est un sujet brûlant

Au moment d’écrire ces lignes, un des sujets chauds de l’actualité en Belgique concerne l’éventualité pour bpost de perdre dès 2024 la concession pour la distribution de la presse papier au profit de deux concurrents, l’un pour la presse quotidienne, l’autre pour les périodiques. Dire que ce dossier suscite un certain énervement chez les éditeurs concernés, surtout francophones, relève de l’euphémisme : le sujet apparaît même brûlant. 

A examiner les chiffres d’authentification de diffusion du CIM, on peut le comprendre. Si on se penche sur la presse quotidienne en 2022 - soit les dernières données disponibles -, on constate que les ventes d’exemplaires papier passent très majoritairement par les abonnements : pas moins de 91% pour les journaux flamands (avec des ratios allant de 84 à 95%), et 78% pour la presse du Sud du pays (et des proportions qui s’étendent de 50 à 94%). 
Quand une telle proportion des ventes est en jeu, il est normal que cela suscite à tout le moins de l’attention. D’autant que le modèle d’affaires s’est très fortement modifié au fil des ans : 15 ans plus tôt, en 2007, les ventes s’équilibraient à pratiquement 50/50 entre exemplaires au numéro et abonnements. Aujourd’hui, c’est ce dernier qui domine très largement, après des années d’ascension.

Pour 2022, il est important de remarquer que les données relatives aux ventes d’exemplaires papier ne sont plus totalement exhaustives : nous avons en effet montré en juin dernier qu’une nouvelle classification "alternate" englobait dorénavant des ventes d’éditions papier ou digitales selon les jours de la semaine. Une proportion inconnue d’exemplaires papier vient donc s’ajouter aux ventes papier référencées comme telles, et plus précisément aux abonnements. Les ratios très importants que nous avons calculés constituent donc des minima. 

Alors, on pourrait bien sûr s’étonner de la nervosité autour de la commercialisation d’exemplaires papier quand les éditeurs concernés sont en pleine mutation vers le digital. Oui mais selon le rapport World Press Trends, en 2022, les revenus directs de la presse au niveau mondial dépendaient encore à pas moins de 80% de la commercialisation du papier, avec une partie substantielle (51%) issue des revenus lecteurs, le reste (29%) provenant de la publicité. 

Plus près de nous, rappelons aussi cette phrase du Directeur Général sortant de IPM : « Un abonné digital rapporte deux fois moins qu'un abonné papier et pour la publicité, un internaute représente quatre fois moins d'argent qu'un lecteur papier. » 

Le papier a beau être en déclin, il reste pour le moment un élément majeur de l’équation économique pour les éditeurs.

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