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Sans foot avec une pizza sur le canapé, par Gerd de Kee (Domain Manager Strategy & Branding, UBA)

Samedi 21 Mars 2020

Sans foot avec une pizza sur le canapé, par Gerd de Kee (Domain Manager Strategy & Branding, UBA)



Ok, je l’admets, je ne suis pas un grand fan de foot, sauf pour les matchs des Diables, que je regarde en cachette, bien entendu. Mais, de façon générale, je préfère le hockey ou le basket. Et surtout le ski, auquel je suis totalement accro ! Pourtant, je me surprends à imaginer, les yeux fixés sur les skis qui encombrent inutilement le couloir, mes prochaines soirées sans foot sur le canapé…

Qui aurait cru qu’une infection pulmonaire à première vue banale, apparue dans une ville de province chinoise jusqu’alors totalement inconnue, changerait à jamais la face du monde ? En quelques semaines, l’infection, qui a désormais un nom, se propage successivement d’une ville à toute une région, puis à une grande partie de l’Asie. L’Europe est sur ses gardes mais, bon, elle ne s’inquiète pas outre mesure. Puis tout va très vite. Beaucoup trop vite. Le 31 janvier, deux personnes tombent malades à Rome. Une semaine plus tard, une troisième contamination est constatée en Italie. En Belgique, le premier cas est détecté le 4 février. Un de nos compatriotes rapatriés de Chine. Jusque-là, toujours pas de quoi s’affoler. Tout semble sous contrôle, la panique n’est pas de mise. La vie suit son cours normal. Dans différentes régions d’Europe, des hordes de sportifs partent en vacances d’hiver, congé de carnaval oblige. Comme les pistes seront sans doute bondées, nous préférons attendre les vacances de Pâques. Mais un grand nombre de nos amis, proches et collègues profitent à fond d’un séjour de ski bien mérité. Sans se faire le moindre souci. Pas encore du moins. Malgré Ciara, Dennis, Ellen et Francis, c’est le calme avant la tempête.
 
Le 21 février – en plein milieu du congé de carnaval – la bombe explose. Une première vague d’infections se répand dans le nord de l’Italie. Quelques jours plus tard, le raz-de-marée se propage en Europe centrale et méridionale. À l’UBA, tout le monde continue à travailler normalement. Après tout, ce n’est qu’une grosse grippe, non ? Mais nous commençons à prendre des précautions. Le 27 février, lors d’une réunion informelle, le mal mystérieux est enfin explicitement évoqué. Et si… Et si la situation devenait pire qu’initialement prévu ? De plus en plus de personnes, partout au monde, s’inquiètent. Ne serait-il pas mieux d’élaborer un plan B pour l’UBA Trends Day ? Sans aucune forme de panique et sans préoccupation excessive, différents scénarios sont discutés et ébauchés.
 
Comme une avalanche qui gonfle et se propulse à une vitesse toujours plus grande sous une masse de neige croissante, le COVID-19 déferle ensuite sur notre pays et nos voisins. Les questions se bousculent. Notre organisation a beau être proactive et travailler de façon flexible et agile, le tsunami qui ne cesse de s’intensifier menace de nous engloutir. Tout le monde suit l’actualité avec anxiété. Nous essayons à chaque fois d’anticiper sur ce qui va suivre. En formant une équipe soudée et en nous concertant en permanence. Tout le monde travaille pour et avec tout le monde. Tant en interne qu’avec nos partenaires externes, nous cherchons ensemble des solutions, des alternatives, des possibilités créatives, tout cela pour ne pas décevoir nos membres et nos clients. 
 
Le mardi 10 mars, la décision tombe : l’UBA Trends Day est reporté au mois de septembre pour des raisons de sécurité. Une mesure radicale, mais nécessaire. Après avoir tranché le matin avec l’équipe, nous appelons immédiatement le site où devait avoir lieu l’événement, examinons les dates encore disponibles, consultons tous les orateurs nationaux et internationaux. Ouf, une solution est trouvée ! Dans le courant de la même journée, alors que nous préparons fébrilement le plan de communication, le tsunami poursuit sa progression inexorable. De plus en plus d’événements sont annulés, et plus tard carrément interdits. Par chance, grâce au travail d’équipe et à une bonne préparation, nous parvenons à nous adapter rapidement. Ensuite, c’est au tour des universités et des hautes écoles de fermer leurs portes. Le télétravail est vivement recommandé. Enfin, le pays est verrouillé. Le confinement est devenu une réalité… Une infection pulmonaire apparemment insignifiante qui s’est déclarée à l’autre bout du monde se transforme en quelques semaines en une pandémie mondiale. La plus grande crise médicale depuis la Seconde Guerre mondiale. Le monde est quasiment paralysé.

En deux semaines à l’UBA, nous sommes passés d’une petite organisation très soudée à un collectif d’individus travaillant à distance, à la recherche d’une certaine cohésion dans une nouvelle constellation de travail inéluctable.
 
Notre entreprise et nos collaborateurs se trouvent confrontés à de nouvelles libertés et à de nouvelles obligations. À des opportunités et à de difficultés inédites. Quelles sont les formations que l’on peut remplacer par des webinaires ? Et combien de temps nous faudra-t-il pour en assurer l’organisation et la communication ? Nous avons l’impression de danser sur une musique inconnue, en devant ajuster nos mouvements aux fluctuations incessantes du rythme.
 
Les préoccupations relatives à la mobilité, aux embouteillages et à l’environnement cèdent la place à des inquiétudes concernant la santé mentale, l’abrutissement social et la solitude. Et pourquoi tout ce tintouin à propos du papier WC ? Pour nous, la vie continue (pour l’instant). Comme de nombreux annonceurs, l’équipe de l’UBA poursuit ses activités malgré la crise sanitaire. Business as usual, en quelque sorte. Mais chacun dans son coin. Connectés via bits et octets, par le truchement de visages sur les écrans, avec ou sans son synchrone. Contrairement à beaucoup d’autres secteurs, la continuité est assurée. Parce que c’est possible. Parce qu’il le faut. Sans certitudes, excepté que 2020 restera dans les annales comme l’année du coronavirus. 
 
Je me retrouve donc à méditer le soir dans mon salon. Inquiet pour les collègues, le réseau, les voisins, les amis et la famille. Songeant à ce qui nous attend après "l’ère corona". Avec une pizza et en compagnie d’un gosse de dix ans. Une soirée sans football sur le canapé. Où est passé mon jeu de cartes Uno ?

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