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"The TikTok FOMO is real". What about ROMO ?, par Fred Bouchar (MM)

Dimanche 2 Octobre 2022

Cette semaine, il s'est passé un truc incroyable, comme dirait Julie Huon du Soir. J'ai découvert TikTok. Plus précisément l'écosystème TikTok qui bouscule pas mal de règles établies dans le marketing. Une sorte de "terra incognita" en ce qui me concerne, et c'était visiblement le cas pour la plupart des annonceurs présents à la conférence "What The Tok!" d'Ogilvy Social.Lab - une petite centaine tout de même ! C'est dire l'intérêt qu'ils portent à la star chinoise des réseaux sociaux  ; c'est dire aussi toute l'utilité du Tok.Lab, la nouvelle "agence dans l'agence" d'Ogilvy Social.Lab. 

Parmi les nombreux enseignements WTF de cette journée - nous y reviendrons -, je me suis dit que les aficionados de l'app 'video full screen/sound on' devaient partager une caractéristique commune que l'on peut résumer par l'acronyme FOMO.

Le "fear of missing out" - la peur de passer à côté de quelque chose. Un terme qui remonte à 2004, nous explique Wikipedia, et qui aurait été inventé par le capital-risqueur Patrick McGinnis : il l’utilisa dans une chronique du journal de la Harvard Business School, dans laquelle il s’étonnait du rythme social infernal que s’imposent les étudiants, enchaînant réunions, matchs, soirées et autres festivités dans une même nuit. Il expliqua ce curieux phénomène par l’ambiance post 9-11 et le désir frénétique de vivre qui habitait alors les jeunes Américains... 

On peut parier que s'il avait existé à l'époque (il n'apparaîtra que 10 ans plus tard), TikTok aurait figuré au top des activités "sociales" de ces étudiants. Aujourd'hui, plus personne n'en doute : "The TikTok FOMO is real", écrivait récemment The New York Times.

Reste à savoir si la communauté TikTok est également atteinte de ROMO : le "relief of missing out", parlant du sentiment de soulagement que procurerait l'évitement de l'information. Un phénomène qui n'a plus rien de marginal.

Le dernier Digital News Report du Reuters Institute révèle que 38% de la population mondiale évite sciemment de prendre connaissance de l'actu alors que cette proportion ne s'élevait qu’à 29% en 2017. Les raisons de cet évitement croissant des grands médias d'information sont autant liées au trop plein de news qu'à la lassitude face aux crises multiples qui s'enchaînent et à l'anxiété qu'elles génèrent. 

Une anxiété dont la planète TikTok semble être l'antonyme.  

Je ne sais pas si les adeptes du ROMO se retrouvent en masse sur TikTok, mais de la même manière qu'il a surfé sur les confinements liés au Covid pour refaçonner l'industrie du divertissement, ce réseau social parvient peut-être aussi à aimanter celles et ceux qui cherchent à fuir le caractère anxiogène de l'actu. 

D'un autre côté, TikTok pourrait tout aussi bien vouloir se positionner sur ce terrain un jour ou l'autre. A sa manière, en cherchant à disrupter les codes du journalisme. Pour le meilleur… ou pour le pire. Après tout, il est déjà souvent dépeint comme la source d'information qui progresse le plus vite. Et pas uniquement auprès de la Gen Z. Au Royaume-Uni, un récent rapport de l'Ofcom indique que c'est également le cas pour les adultes. Au demeurant, cela reste assez marginal : seuls 7% d'entre eux consultent TikTok pour les news. Un pourcentage sensiblement similaire à la Belgique selon le Digital News Report. 

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