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De l'importance d'un #MeToo pour l'action climatique, par Griet Byl (MM)

Mercredi 1 Mai 2024

De l'importance d'un #MeToo pour l'action climatique, par Griet Byl (MM)

Il se peut que nous sous-estimions la volonté de nos concitoyens de faire quelque chose pour le climat et que, par conséquent, nous n’agissions pas nous-mêmes. Une supposition farfelue ? Peut-être, mais elle est scientifiquement fondée et empiriquement étayée. Et ce n’est pas sans importance, à un moment crucial où nous restons collectivement immobiles face à la crise climatique de plus en plus évidente.
 
On peut trouver des informations intéressantes pour comprendre ce phénomène problématique - appelé "pluralistic ignorance" en anglais - dans la Global Climate Change Survey, une enquête mondiale basée sur quelque 130.000 entretiens menés dans 125 pays. Celle-ci se concentre sur quatre aspects critiques de l’action climatique : l’acceptation de faire des sacrifices financiers, l’étendue des normes sociales, la demande d’action politique et la conviction que d’autres personnes se lanceront également dans l’action (climatique).
 
69% de la population mondiale se déclare prête à verser 1% de son revenu personnel pour lutter contre le changement climatique, 86% approuve les normes sociales favorables au climat et 89% demande une intensification de l'action politique. Pour autant, les auteurs de l’étude relèvent que malgré ces statistiques encourageantes, « le monde se trouve dans un état d'ignorance pluraliste, dans lequel les individus du monde entier sous-estiment systématiquement la volonté d'agir de leurs concitoyens. » 
 
Cette interprétation erronée de la volonté d’engagement d’autrui peut entraver l’action climatique. Dans de nombreuses situations, les gens optent en effet pour ce que l’on appelle la "collaboration conditionnelle" : les animaux grégaires que nous sommes sont plus susceptibles de contribuer à une action collective s’ils pensent que les autres agiront de même.
 
Une autre étude montre qu’une bonne perception de la volonté des autres d’agir en faveur du climat pourrait bien faire la différence. À cet égard, il est important que les informations soient personnalisées afin que les individus les considèrent comme pertinentes. 
 
« Dans le cas du changement climatique, la majorité des Européens, des Américains et des Chinois pensent que le changement climatique est un problème grave. Si une certaine proportion de ces personnes croit à tort que leurs opinions ne sont partagées que par une minorité, et si cette perception les empêche d’agir en faveur du climat, des interventions visant ce groupe pourraient conduire à une action collective beaucoup plus importante et rendre les préoccupations climatiques du public plus visibles aux yeux des décideurs politiques », précise l'étude. 
 
« Nous parlons tout le temps de l’écart entre les intentions et les actions du consommateur, mais des études académiques nous font comprendre que c’est nous-mêmes qui favorisons cette différence », conclut Wim Vermeulen, Strategy & Sustainability Director chez Bubka. 
 
« Nous avons démontré que le manque de crédibilité générée par la publicité durable empêche de consommateurs d’y adhérer. L’étude susmentionnée illustre que les citoyens se retiennent d’agir partant de la conviction qu’ils sont minoritaires, ce qui les met mal à l’aise, la plupart des gens n’ont pas envie de faire partie d’une minorité. » 
 
C’est pourquoi il est important que les entreprises durables s’expriment sur ce qu’elles font, afin que la norme puisse changer et que la majorité silencieuse vire également de bord.

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