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15/10/2017

Brunch

Edito

Power to the people, par Griet Byl (MM)

Ainsi donc, State Street, la banque derrière la "Fearless Girl" défiant le taureau de Wall Street au nom de l’égalité entre les sexes, a dû débourser près de 5 millions de dollars à 300 de ses dirigeantes. En cause : leur salaire qui était nettement inférieur à celui de leurs confrères masculins. Un comble.

On aurait préféré un buzz un peu plus intense, non seulement parce que c’est le énième cas de communication hypocrite, mais surtout parce que cela prouve que la vieille discrimination sur base du genre reste d’actualité. Malgré de nombreuses initiatives. Une nouvelle édition des campagnes Equal Pay Day restera donc de mise.

Et pourtant, il y a quelque chose qui nous dérange dans toute cette approche "Ladies First". Comme vendredi dernier, lors du jury des Mixx Awards, où la rédaction de MM était représentée par son seul membre féminin, suite à la décision des organisateurs de composer le jury exclusivement de femmes. L’expérience s’est avérée agréable, enrichissante et instructive ; l’ambiance joyeuse et respectueuse, l’approche professionnelle, toutes les jurées ayant fait preuve d’un intérêt sincère et justifié pour leurs expériences et arguments respectifs.

Impossible à dire comment se serait passé un jury exclusivement masculin, bien sûr. Mais ce que nous aimerions accentuer, c’est que chaque jurée a mis à profit ses atouts professionnels afin que les meilleurs gagnent. En d’autres mots, nous osons espérer que nous devions toutes notre présence à notre mérite et notre métier - et non pas à notre sexe. Nous espérons et pensons que le jugement de Pearl - le robot neutre et sans sexe (et sans charme) doté d’une intelligence artificielle dernier cri qui a jugé les mêmes dossiers - confirmera notre impression et notre jugement.

Parce que, tout compte fait, que l’on soit homme ou femme, noir ou blanc, francophone ou néerlandophone, gros ou maigre, jeune ou vieux, la discrimination positive n’est-elle pas la forme ultime de discrimination ? Croisons les doigts pour qu’un jour elle devienne superflue. Ce jour-là, la Fearless Girl pourra mettre sa frimousse effrontée au service d’autres priorités que le genderwashing - complètement démodé.