Fait suffisamment rare pour être signalé, la décision de la RTBF de mettre fin à l’émission culte "La semaine des 5 heures" animée depuis 30 ans par Rudy Léonet et Hugues Dayez sur La Première, a fait la une de nombreux médias francophones.
Dans un communiqué dont on cherche encore à comprendre la signification, la RTBF évoque « le contexte de l’évolution des audiences et de la consommation du média radio en soirée » qui pousse La Première à remanier l’ensemble de la programmation de ses soirées ; elle souligne que « ce travail s’inscrit dans la continuité de celui réalisé pour la matinale qui a renforcé la fluidité entre l’info et la culture. »
Le contexte objectif est pourtant celui d’une émission de pop culture au ton unique, dont la part de marché est supérieure à celle de la matinale de La Première (voire de la chaîne dans son ensemble) selon les dernières données CIM RAM. Une émission qui se classe en sixième place du dernier ranking Audio on Demand avec plus de 111.000 auditeurs.
Le contexte objectif est aussi celui d’une émission réellement cross-média, déclinée en live avec succès sous le nom de code COD, avec une communauté SoMe très active (11.000 membres sur Facebook) et, quoi qu’on en dise, avec un ancrage local fort.
La presse s’en émeut, les fans s’en émeuvent (dès février, ils avaient lancé une pétition contre la suppression des 5 heures), et le marché n'est pas non plus insensible : nous avons reçu des réactions en ce sens de plusieurs annonceurs.
« La RTBF possédait un produit unique - impertinent, mais toujours honnête -, une émission multiplateforme qui délivre de l’audience, une émission qui coûte trois fois rien, que les Gafam sont incapables de produire, et elle s’offre le luxe de la supprimer… Allez comprendre ! », dixit notamment un responsable média bien connu. Un autre nous rappelle que « placée dans le contexte de la mise en avant des contenus locaux forts dont se targuent les dirigeants de la chaîne publique », cette décision est tout à fait surprenante. « Même si "5 heures" était surtout connue de notre génération de boomers, elle balayait large auprès des différents publics RTBF », ajoute-t-il.
Certes, c’est anecdotique, mais étonnant. Les annonceurs n’expriment que très rarement leur avis sur les grilles et les programmes. A fortiori lorsqu’il s’agit de la radio.
Quoi qu’il en soit, la RTBF insiste sur le fait que La Première continuera de mettre en avant le cinéma et la musique dès la rentrée.