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VOD for Thought, par Griet Byl (MM)

Dimanche 21 Mai 2023

VOD for Thought, par Griet Byl (MM)

À partir de demain, les abonnés de Streamz qui le souhaitent pourront opter pour une alternative moins chère à condition d’accepter la présence d’écrans publicitaires. Ce faisant, le service de streaming dit vouloir initier une croissance disruptive et attirer (surtout) la cible des jeunes qui font attention au prix des choses.

Avec ce lancement, la plateforme créée en septembre 2020 par Telenet et DPG Media sous le nom de code du ‘Netflix flamand’, suit l'exemple de son illustre prédécesseur et d'autres acteurs internationaux sur un marché de la VOD de plus en plus encombré et de plus en plus fragmenté. S’y côtoient nombre d’acronymes, variant de la TVOD à la SVOD, en passant par la BVOD, AVOD et maintenant donc la HVOD – pour hybrid video on demand. Dans tous les cas, il s’agit de solutions destinées à satisfaire la même faim de vidéo à la demande, anywhere, antime, on any device, bien évidemment. 

Paradoxalement, des chiffres indiquent que les plateformes gagneraient plus avec ce modèle HVOD qu'avec les formules sans publicité pourtant plus chères. C’est du moins ce qu’a affirmé Bob Iger, le CEO de Disney qui, comme la plupart de ses collègues, a toutes les peines du monde à rentabiliser ses activités de streaming. Cette rentabilité potentiellement meilleure s’expliquerait non seulement par l’apport des recettes pubs - sur lesquelles peu de chiffres ont percolé jusqu'à présent - mais aussi par le fait que les formules moins chères basées sur la pub aideraient à limiter le churn : les abonnés auraient moins tendance à zapper leur abonnement.

Streamz aussi invoque le prix comme principal argument à la base du lancement de Basic : la vie est chère - qui oserait le nier ? - et le moindre effort pour réduire son coût compte, même s'il faut digérer cinq minutes de publicité par heure de vision. Aussi logique qu’il puisse paraître, ce raisonnement mérite pourtant d'être relativisé. 

En effet, la publicité n'est plus la monnaie d'échange universellement acceptée pour négocier avec les consommateurs, du moins plus en Europe. Ainsi, il ressort de la New Life of the Living Room, l’enquête dont RTL AdAlliance a présenté la deuxième édition la semaine dernière, que 30% des répondants européens n'opteraient certainement pas pour une version de Netflix basée sur la publicité ; 29% ne le feraient sans doute pas. À peine 14 % l'envisageraient sans hésiter. 

Selon la même enquête, les Européens ne sembleraient pas envisager une éventuelle modification de leur budget vidéo en 2023. Crise ou pas, 19% d'entre eux dépenseraient même plus en vidéo, tandis que 63% laisseraient leur budget vidéo inchangé. 

Tout compte fait, cela n’a rien d’anormal, si l’on sait que la vidéo est l'une des trois activités préférées et principales pour la plupart des répondants européens. 

Ce qui pourrait toutefois changer, c'est l'attribution précise de ce précieux budget vidéo. Les abonnements telecom par exemple pourraient bientôt passer à la trappe chez toute une catégorie de consommateurs, notamment la cible prisée des jeunes adultes qui, au lieu de se farcir un abonnement coûteux tout compris auprès de tel ou tel telco, pourraient bientôt opter plutôt pour le haut débit tel quel mais moins cher, en le combinant avec plusieurs abonnements VOD (payants ou non).

Ainsi, ils créeront leur propre cocktail vidéo, alors que les rôles traditionnels des différents acteurs - distributeur, broadcaster, plateforme et tutti quanti - s'estompent et se chevauchent en attendant que le plus malin ne crée la prochaine disruption, par exemple en regroupant son offre audiovisuelle avec d'autres services (médias ou pas).

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