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Pierre de Schaetzen (Poppy) : "Nous sommes à un point où il n'y a plus vraiment d'avantages à posséder une voiture privée"

Vendredi 28 Avril 2023

Pierre de Schaetzen (Poppy) :

Afin de répondre à une demande croissante de ses 200.000 utilisateurs, Poppy Mobility a annoncé récemment l’expansion de sa flotte, qui accueillera 2.000 nouvelles voitures dans les prochains mois. L’application de mobilité partagée est disponible à Bruxelles, Anvers, Malines et Gand, ainsi qu’aux principaux aéroports belges, et compte à ce jour 1.000 voitures, 50 vans, 2.000 trottinettes et 160 vélos partagés.
 
Morceaux choisis d’un agréable moment partagé avec le Chief Marketing Officer maison, Pierre de Schaetzen.
 
Pouvez-vous rappeler brièvement comment l’aventure Poppy est-elle née, avec quels objectifs et quelles ambitions ?
 
Poppy a été créée en 2018 par Lab Box, un studio startup belge qui se penche sur l'avenir de la mobilité, lui-même, créé à la même période, par d’Ieteren Automotive. 
 
Avant Poppy, le partage de voitures se résumait pour ainsi dire à Cambio, qui, pour sa part, a été fondée début 2000, et le profil des utilisateurs étaient très spécifiques : des gens avec des convictions quasi-activistes par rapport à l’écologie et au développement urbain, en termes de libération d’espaces et de désengorgement des villes. 
 
Autrement formulé, des utilisateurs pour lesquels la lourdeur du modèle et la complexité de son utilisation n’étaient absolument pas un frein, parce que convaincus que c’était le passage obligé pour transformer les villes…
 
Par contre, depuis quelques années, la nouvelle génération de conducteurs est beaucoup moins radicale, mais aussi beaucoup plus vaste. Des offres plus simples et plus légères, avec moins d’engagements ont dû voir le jour, et c’est exactement dans cette mouvance que Poppy s’est inscrite.
 
Quid de la suite ?
 
Aujourd’hui, Poppy, c’est un point d’accès pour la mobilité "on demand", à la dernière minute, dans les contextes urbains, et la vision, c’est clairement de facilité encore davantage la fluidité de déplacement pour ce public.
 
Actuellement, Poppy propose des voitures, des camionnettes,  des trottinettes et des vélos partagés, mais, demain, cette offre pourrait s’étendre à tout ce qui est mobilité instantanée, afin d’offrir à la nouvelle génération précitée, cette flexibilité et légèreté, qui lui sont chères, et, surtout, pour laquelle posséder une voiture, voire même un vélo n’est plus une fin en soi, parce que notamment, cela implique trop de responsabilités.
 
C’est là que D’Ieteren Auto, par l’entremise de Poppy, vient se positionner stratégiquement dans ce marché, en sachant pertinemment bien, que quoi qu’il arrive, ça va devenir la norme dans la façon de se déplacer.
 
Attention, la voiture privée aura bien entendu toujours sa place, mais elle va devenir quelque chose de, soit, liée à une utilisation professionnelle, soit, liée à un besoin -personnes âgées, handicapées,… -, soit encore à des logistiques contraignantes, ou, soit, enfin, à une véritable passion pour l’automobile et l’envie irrépressible de se faire plaisir.
 
Mais, pour Monsieur et Madame Tout-le-monde, dans un contexte urbain, j’insiste, cela aura beaucoup moins de sens, et le mouvement ne va faire que s’accélérer et s’amplifier, parce que nous arrivons enfin à un point, où passer de sa propre voiture à un voiture partagée n’est plus un sacrifice, ou ne rime plus avec sacrifices.
 
Si on reprend l’exemple de Cambio, le sacrifice, c’était la perte d’un certain confort, dans le sens où, pour accéder à une voiture partagée, il fallait la réserver à l’avance et, après utilisation, la ramener à un endroit précis, à un moment donné.
 
Avec Poppy, toutes ces contraintes ont disparu. Mieux, grâce à de gros investissement pour augmenter la densité de l’offre, de nouvelles facilités sont même apparues, à commencer par le fait qu’aujourd’hui, dans les grandes villes du pays, il y a de fortes chances que vous trouviez une Poppy, avant de trouver votre propre véhicule en rue !
 
Bref, nous sommes arrivés à un point où il n’y a plus vraiment d’avantages rationnels et économiques de posséder une voiture privée, exception faite, évidemment, des catégories énumérées plus haut, ou si on roule plus de 12.000 km/an, parce que, en-deçà, c’est prouvé que c’est beaucoup plus intéressant d’utiliser une voiture partagée que privée.
 
Justement, quel est le profil type de l’utilisateur de Poppy ?
 
Comme évoqué, il s’élargit très fort. Ces dernières années, nous étions principalement dans un profil de "early adopters" - écolos, convaincus par la mobilité partagée -, aujourd’hui, nous sommes clairement dans un profil d’utilisateurs qui cherchent à se débarrasser de responsabilités et du poids que représente de posséder son propre véhicule.
 
Une génération entre 25 et 35 ans, mais ces dernières années, on se rend compte que la génération au-dessus, soit les 35 – 45 ans, commence très fort à s’intéresser également à cette offre. On 
 
Nous constatons également que l’âge moyen commence à augmenter. Si avant, c’était plus les 25-35 ans, désormais, les 35-45 ans s’intéressent aussi très fortement à cette mobilité alternative.
 
Mais, en général, ça reste d’office des personnes urbaines et actives, que ce soit au niveau professionnel, culturel et social, parce qu’évidemment, c’est une offre qui se prête idéalement à des gens qui ont besoin de se déplacer souvent et facilement. 
 
Avec Poppy, qui, par ailleurs, se marrie parfaitement avec toutes les autres offres de mobilité que l’on peut trouver dans le contexte urbain aujourd’hui, que ce soit les TEC ou les taxis, par exemple, nous offrons à ces personnes la liberté de partir le matin sans savoir comment elles rentreront facilement le soir après le boulot, ou après une expo, un film,… qu’elles auront décidé d’aller voir en dernière minute.
 
Qui, par ailleurs, se marrie parfaitement avec toutes les autres offres de mobilité qu’on peut trouver dans le contexte urbain aujourd’hui, que ce soit les TEC ou les taxis, par exemple, .  avec le réseaux des TEC, les offres de taxis avec en fait toutes les offres de mobilité qu’on peut avoir dans le contexte urbain aujourd’hui. 
 
Avez-vous mesuré l’impact de Poppy sur l’environnement ? Autrement formulé, Poppy permet-elle de réduire les émissions de CO2 en réduisant le nombre de voitures sur nos routes ? Est-ce l’ambition à terme ?
 
C’est extrêmement difficile à mesurer, parce que, tout simplement, Poppy n’est pas une alternative à elle seule, mais une alternative qui permet de réduire l’utilisation de voitures, pace qu’on les utilise uniquement quand on en a besoin (vs un scénario où j’ai dépensé 45.000 euros pour une voiture, qu’il faut absolument que je la rentabilise, en l’utilisant pour un maximum de trajets). 
 
Mais, imaginons que vous rouliez 10.000 km/an avec votre voiture et autant avec une voiture partagée, clairement, l’impact est nul ou identique en terme d’émissions liés à son utilisation. Par contre, là où la voiture partagée fait toute la différence, c’est au niveau de l’espace que l’on va économiser dans les rues. 
 
Ça dépend des villes, mais, globalement, on compte entre trois et 10 voitures privées économisées par voiture partagée. Pour le coup, il y a donc un impact direct sur l’environnement également, parce que la production de voitures représente évidemment une grosse partie des émissions de CO2.
 
Enfin, en se débarrassent d’un moyen unique de mobilité, qui est leur propre voiture, par nature polluante, les utilisateurs diversifient leurs moyens de se déplacer, à l’aide d’un panel de solutions de mobilité différentes mis à leur disposition, dont la majorité sont beaucoup moins polluantes…
 
Un dernier mot ?
 
Aujourd’hui, la mobilité, ce n’est plus un choix de dire, moi je suis un "bagnolard", moi un cycliste, moi un piéton, moi un utilisateur des TEC…
 
Désormais, nous sommes tout à la fois, et le prochain défi consiste à déterminer quand on passera d’un panel d’offres différentes de mobilité différentes à une méga offre qui centralisera le tout, ou, en tout cas, dans un premier temps, à plusieurs petites offres qui centraliseront un paquet de services différents. 
 
Le monde va clairement dans ce sens - on le voit déjà en Asie et au Moyen-Orient -, et le groupe D’Ieteren dans son ensemble, et Lab Box et Poppy en particulier, sont stratégiquement idéalement placés pour le suivre…
 

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