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Ramdam autour du Ramadan

Samedi 22 Avril 2023

Ramdam autour du Ramadan

La chronique de Fatima Llouh (LDV United), publiée récemment dans MM, a suscité plusieurs réactions.

Certaines verbales, d'autres écrites. Dont celles de Terry Focant, ex Directrice du CCB, et de l'ancien DC et président du même CCB, Benoît Pirson. 
 
Liberté de communiquer, sans injonction, par Terry Focant
Que l’on juge opportun que les annonceurs s’adressent à un groupe-cible particulier à l’occasion d’un événement religieux, je peux éventuellement le concevoir. En revanche, je ne vois pas pourquoi il faut évoquer cette communication sous la forme, premièrement d’une « participation » à un événement qui, by the way, relève du libre choix de chacun ; deuxièmement sous celle d’une injonction, l’article parlant d’aborder l’événement - je cite - « comme il se doit ». 

Une injonction à laquelle, qui plus est, les marques seraient obligées de se plier sous peine d’être taxées de couardise (« De quoi ont-elles peur ? »). Ou d’être montrées du doigt parce que, ce faisant, elles ne participeraient soi-disant pas à la création d’une société plus inclusive. 

À ce compte-là, les campagnes inclusives risquent d’être légion. Car - et pour injecter un peu d’humour surréaliste à mes propos - pourquoi dès lors ne pas communiquer lors du jeûne de Yom Kippour, du carême chrétien, de la fête de Norouz, de l’Hana Matsuri et autre fête du bain du Bouddha ? Spécialistes du marketing, à vos calendriers ! 
Bonjour Fatima, par Benoît Pirson
Selon toi, musulmane fière de l’être et stratège au sein d’une agence dont je ne mets en question ni le professionnalisme ni l’ouverture d’esprit, le marketing et la publicité qui en exprime les intentions ne prendraient en compte tes coreligionnaires qu’au moment du ramadan. Histoire de leur fourguer de quoi faire la fête aux heures où le ciel le permet. Et les négligeant avec irrespect pendant le reste de l’année que Dieu fait.

L’observation semble pertinente et vraisemblablement révélatrice d’une chauffe commerciale saisonnière. Mais la pubeuse et fière de l’être que tu es reconnaîtra que cela n’est que de bonne guerre.  Un peu à l’instar de la lutte que se livrent sur le marché des chrétiens plus ou moins pratiquants, les marchands d’œufs de Pâques, de sapins de Noël ou de spéculoos de Saint-Nicolas.

Ces démarches mercantiles ne sont exclusives ni de nature, ni même d’intention. Elles sont même sociétalement inclusives puisque chaque communauté est ciblée à son heure, selon ses croyances, goûts, besoins et coutumes comme n’importe quel groupe cible, comme le sont avec même appétit les joueurs de foot, les buveurs de cacao ou les utilisatrices de tampons. Chacun son tour, certes, chacun ses dates, mais au delà de ces clivages, chacun court à ses achats. C’est à ce point vérifié que toi-même réduit les musulmans à des « consommateurs très recherchés ».   
 
Ce que nous sommes malheureusement. Toutes et tous. Ne trouves-tu pas ici la preuve d’une inclusion réussie ? Aussi réductrice qu’elle soit ?

Pour ce qui est du reste de l’année, il me semble qu’aujourd’hui, à juste titre et sans complexe, les boucheries, épiceries, supérettes, snacks et restos s’affichent publicitairement "Halal". Ce qui exprime à mes yeux de mécréant judéo-chrétien une forme incontestable d’ « exclusivité ».
  
Et donc, je te dis, l’inclusion de toutes et de tous, j’en rêve autant que toi. Je respecte les musulmans, leur foi, leur ramadan. Comme ils se méritent parce qu’ils sont les faits de femmes et de d’hommes. Mais pas comme il se doit. Je ne dois rien, ni à Allah, ni à son prophète. Et personne ne le doit. C’est la liberté et le bonheur que nous inspire et nous promet la laïcité. Calmons-nous. Il y eut jadis la Guerre de la Vache, n’allumons pas celle du rôti de porc contre l’épaule d’agneau. 

Finalement, le monde vivra-t-il plus en paix et en harmonie avec moins de pub et moins de religion. Inch’Allah.

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