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DEI Marketing: risky business ?, par Fred Bouchar (MM)

Dimanche 16 Avril 2023

DEI Marketing: risky business ?, par Fred Bouchar (MM)

L'Echo, le 12 avril (10h43) : « AB InBev, le plus grand brasseur de bière au monde, perd 2,8% à 58,90 euros, alors qu'il n'y a pas de nouvelles concrètes concernant l'entreprise et il n'y a pas de changement d'objectif de prix ou de conseil, du moins à priori. » Selon le journal de Mediafin, ce nouveau recul de l'action est probablement une conséquence supplémentaire de l'affaire Bud Light impliquant Dylan Mulvaney, militant.e américain.e des droits des transgenres et héroïne de TikTok… Sérieusement ? Vous y croyez, vous ? 
 
Il est fort probable que vous n'ayez même pas eu vent de cette polémique typiquement made in USA, issue de fervents partisans de la doctrine Make America Great Again de qui vous savez, emmenés par Fox News et des chanteurs de country conservateurs dont vous ignorez tout (et c'est mieux comme ça).
 
Petit rappel des faits : au pays de l'oncle Donald, Bud Light s'est associée à cet.te activiste qui compte plus de 10 millions de followers sur TikTok et qui a révélé qu'AB InBev lui avait envoyé une canette de Bud Light à son effigie pour fêter le première anniversaire de sa "transition" de genre. Ce dont il/elle s'est réjoui sur ses réseaux sociaux en faisant la promotion de la marque. 
 
De quoi provoquer l'ire et les appels au boycott des précités sur l’air du "Get Woke, Go Broke". Censément inventée par l'écrivain John Ringo, cette phrase exprime l'opinion selon laquelle lorsque les entreprises "s'éveillent" à des actions a priori politiquement correctes - par exemple, sensibiliser à la diversité et l'inclusion -, ces mêmes actions vous reviennent comme un boomerang et se traduisent généralement par une perte massive de revenus… 
 
« Ce "Get Woke, Go broke" est devenu le cri de ralliement de la droite politique chaque fois qu'elle voit une marque faire le moindre effort pour s'aligner sur les valeurs libérales ou progressistes », écrit Rolling Stone. « Ce mème permet de faire croire que les produits qui reconnaissent et célèbrent les communautés marginalisées, font l'objet d'un rejet massif et permanent. » 
 
Et le magazine américain de démontrer tout le contraire au travers d’une dizaine d’exemples de marques qui ont vu leurs résultats progresser après avoir été la cible de "haters" pour leur prise de position sociétale. 
 
A commencer par Nike : tout le monde se souvient en effet de l'affaire Kaepernick… Hasard du calendrier, les anti-wokistes sont à nouveau sorti de leurs gonds, horrifiés de voir que Dylan Mulvaney fasse également la promo de soutiens et leggings Nike sur Instagram… « Mais ils devront faire plus d'efforts qu'en 2018, lorsque la collaboration avec Kaepernick les a amenés à brûler des chaussures et à ruiner des chaussettes en coupant le logo "swoosh" », s’amuse Rolling Stone. « Car la campagne a été un succès retentissant, entraînant un pic des ventes, et depuis Nike a continué à dépasser les attentes avec un bénéfice net atteignant $1,44 milliard au quatrième trimestre 2022. » 
 
Le bien finirait-il toujours pas triompher ? Ne soyons pas naïfs et ne cherchons pas à voir dans la posture des Nike, AB InBev, Gillette et autres M&M’s de ce monde une manière de combat manichéiste. Car finalement, la publicité inclusive n'est rien d'autre que du capitalisme en action. 
 
Ne soyez pas choqués, c'est Forbes qui le dit.

ps : on notera qu’entre-temps, le 14 avril, AB InBev USA s'est fendu d'un communiqué signé par son CEO et intitulé "Notre responsabilité envers l'Amérique". Sans jamais mentionner l'affaire Mulvaney, Brendan Whitworth écrit notamment que son entreprise n'a jamais eu l'intention diviser les gens ; au contraire, son objectif est de les rassembler… autour d'une bière.
 

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