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L'ISIT, le numérique responsable

Jeudi 16 Février 2023

L'ISIT, le numérique responsable

L’Institut Belge du Numérique Responsable (ISIT en anglais pour Institute for Sustainable IT) est un "think and do tank" fondé en 2020 dont l’objectif est de rassembler les entreprises, organisations et citoyens belges, afin de les aider à réussir leur transition digitale tout en réduisant l’empreinte environnementale et sociale de leurs services et usages informatiques.

Olivier Vergeynst, son initiateur et aujourd’hui son Directeur, est tombé dans l’IT quand il était petit. Sensibilisé à l’impact environnemental de l’informatique et soucieux de laisser à son fils et nos enfants une planète en bon état, il a un jour laissé tomber sa carrière dans les départements informatiques de grandes entreprises pour se former en France à la ‘"Green IT" pour ensuite mettre en place l’ISIT en Belgique.

Nous l’avons rencontré.

Pourquoi l’ISIT ?

Avec ma formation en Green IT et mon activité de consultant qui en a découlé, je me suis vite rendu compte que seules quelques grandes entreprises pouvaient se permettre de faire appel à mes services et je perdais donc l’effet levier, sociétal, que je visais. C’est à cette époque que l’Institut du Numérique Responsable (INR) a été lancé en France - ce qui correspondait à mon objectif - et j’ai donc lancé l’ISIT en Belgique.

Aujourd’hui, avec nos quelques 65 membres, notre ambition est double : diminuer les impacts négatifs environnementaux et sociaux du numérique et en maximiser les impacts positifs.

Notre objectif est principalement la sensibilisation sur ces problématiques en proposant des formations, guides et autres outils pour réduire les impacts négatifs du numérique.

Vous constaterez que nos membres sont majoritairement des utilisateurs de services IT : des services publics, des entreprises actives par exemple dans le bancaire, l’assurance, le pharma, des asbl et pme de toutes tailles. Notre intention étant d’avoir un user group le plus large possible pour faire pression sur les fournisseurs de matériel et de services informatiques.

C’est grave docteur ?

Même si le numérique apporte de nombreux avantages bien connus, son impact est phénoménal tant d’un point de vue environnemental que sociétal.

Aujourd’hui, les émissions de gaz à effet de serre du secteur sont comparables à celles de l’utilisation de la voiture et supérieures à celles de l’aviation civile. 4% de notre empreinte carbone vient de la fabrication de nos équipements et de nos usages numériques ; ces derniers consomment 10% de la production d’électricité mondiale. Pour certaines grandes entreprises, jusqu’à 50% de leur bilan carbone vient du numérique.

Et ces impacts sont en fait invisibles, un smartphone n’émet par exemple aucune fumée, sauf si la batterie explose. La fabrication d’équipements numériques engendre énormément de pollution de l’eau, des terres et nécessite l’extraction de minerais en quantité phénoménale. Et, en compétition, ce sont les mêmes minerais dont on a besoin pour les énergies renouvelables, pour les équipements médicaux, pour les voitures électriques…

A côté de cela, il y a les impacts sociétaux du numériques : les conditions de travail pour l’extraction des minerais ou la fabrication des appareils, sans oublier les problématiques d’addiction et d’accessibilité aux services numériques, notamment pour les personnes âgées.
 
Tout cela fait que la gestion plus durable du numérique fait depuis peu partie du top 3 des objectifs d’un nombre croissant de CIO de grandes entreprises en Belgique et à l’étranger.

Un message pour les marketers ?

Certainement ! Le marketing joue évidemment un rôle et peut participer au changement de comportement des utilisateurs pour réduire les impacts négatifs de leur consommation numérique. Les acteurs du marketing peuvent le faire tant sur le fond, les offres et services mis en place que sur la forme, la manière de communiquer.

Sur le fond, il est évident que des offres commerciales qui proposent par exemple des smartphones à un euro sont inappropriées. Ce type d’offres est véritablement catastrophique puisqu’elles incitent au remplacement d’appareils qui peuvent parfaitement fonctionner pendant sept à 10 ans.

Sur la forme, les acteurs du marketing peuvent participer au travail d’accessibilité des supports numériques pour les personnes en situation de handicap, les personnes souffrant d'’’illectronisme’’ ou d'exclusion numérique sous toutes ses formes. Sachant que dès 2025 des obligations légales seront effectives en la matière.

Les moyens utilisés pour les campagnes numériques sont aussi une des clés importantes. Une vidéo qui sera diffusée sur les réseaux sociaux ne doit pas nécessairement avoir une définition de 4K par exemple. Une plus faible définition, adaptée aux canaux de diffusion, permet une réduction considérable de la quantité de données qui sont transférées et stockées. De la même manière, supprimer les éléments d’une campagne numérique terminée a un impact sur la quantité de données dont le stockage génère des gaz à effet de serre.
Production et stockage des données sont un véritable enjeu environnemental. L’unité de mesure est aujourd’hui le zettabye (ZB) soit mille milliards de gigabytes (GB). Un graphique de Statista montre l’évolution spectaculaire de la production de données passant de 2 ZB en 2010 à 181 en 2025.

Enfin, les entreprises actives dans le marketing ont, comme toute entreprise, une responsabilité à prendre quant à la gestion durable de leurs propres ressources numériques.

Donc, oui, les acteurs du marketing ont évidemment un rôle à jouer.

Vos prochaines étapes ?

D’un côté, le ‘’Digital Cleaning Day’’ le 18 mars de cette année qui est une action de sensibilisation particulièrement ciblée sur les données, les équipements à reconditionner et les équipements à recycler.

Par ailleurs, nous travaillons sur un salon du numérique responsable qui, nous l’espérons, sera assorti d’un nouveau trophée. Mais ce sera pour 2024.

Et d’ici-là, nous continuerons à faire grandir la communauté en accueillant régulièrement de nouveaux membres.

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