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Geoffrey Supran (Harvard University): "Les réseaux sociaux sont le nouvel eldorado de la tromperie et du retardement de l'action contre le changement climatique"

Vendredi 28 Octobre 2022

Geoffrey Supran (Harvard University):

Une récente étude menée par l’Université de Harvard à la demande Greenpeace Pays-Bas a analysé la communication SoMe des plus importants fabricants automobiles, compagnies aériennes et entreprises pétrolières et gazières en Europe entre juin et juillet derniers. Conclusion : s'ils ne nient plus la réalité du changement climatique, ni ne minimisent leur responsabilité, ces secteurs ont désormais massivement recours au greenwashing et au "tokenism" (pratique consistant à faire des efforts symboliques d'inclusion vis-à-vis de groupes minoritaires dans le but d'échapper aux accusations de discriminations). 
 
En analysant à la fois les images et les contenus des messages des entreprises, les chercheurs d’Harvard ont constaté que seule une poignée de posts faisaient explicitement référence au changement climatique, alors qu'il était au cœur de l’actualité. 
 
En outre, deux tiers des messages publiés sur les réseaux sociaux par ces entreprises donnaient une image d'innovation verte à leurs activités commerciales - ce qui, selon les auteurs, représente divers types et degrés de greenwashing.
 
Par ailleurs, 20% des posts des entreprises étudiées utilisaient le sport, la mode et les causes sociales pour détourner l'attention de leurs rôles et responsabilités dans la crise climatique. Les chercheurs qualifient cette pratique de "détournement d'attention".
 
 « Nos résultats montrent qu'au moment où l'Europe connaissait l'été le plus chaud jamais enregistré, certaines des entreprises les plus responsables du réchauffement de la planète sont restées silencieuses sur les médias sociaux au sujet de la crise climatique, choisissant plutôt d'utiliser le langage et l'imagerie pour se positionner stratégiquement comme des marques vertes, innovantes et responsables », conclut Geoffrey Supran, chercheur associé au département d'histoire des sciences de l'Université de Harvard et auteur principal du rapport avec les informaticiens de l'Algorithmic Transparency Institute.
 
L'étude est disponible ici.

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