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Comment Happy Hours Market a changé son business model

Jeudi 30 Juin 2022

Comment Happy Hours Market a changé son business model

Happy Hours Market continue sa lutte contre le gaspillage alimentaire en Belgique. Récemment, la société a changé son mode de fonctionnement et son business model, proposant désormais un incentive financier aux magasins de la grande distribution pour reprendre leurs produits invendus. Des changements qui ne sont pas passés inaperçus auprès des grandes enseignes, de plus en plus nombreuses à vouloir collaborer, et qui a valu à la start-up le premier prix de l’Impact Programme 21/22 - un accélérateur d'impact pour les entrepreneurs qui souhaitent étendre leur impact dans le domaine du changement climatique et de l'économie circulaire. Le programme est issu d'une collaboration entre Ashoka, ABN AMRO Private Banking Belgium et Accenture BeLux.

Rencontre avec Ludovic Libert, Co-Fondateur de Happy Hours Market, et Marcel Hulin, Responsable Communication et RP.

Pourquoi avez-vous revu votre business model et comment fonctionnez désormais ?

Ludovic Libert : Avant ce changement, Happy Hours Market était une sorte de gestionnaire des déchets pour les supermarchés. Nous passions en fin de journée pour reprendre les produits qu’ils n’avaient pas vendus pour les revendre ensuite à -50% à toute personne qui le souhaitait. Cependant, au-delà du geste social et environnemental, cela n’avait comme avantage que de faire des économies sur la gestion des poubelles. Nous souhaitions travailler avec plus de magasins qu’uniquement les early adopters, et avons imaginé pour cela de donner un incentive financier.

En clair, nous proposons désormais une rétribution aux magasins sur leurs produits de démarque. Ceux-ci sont en général vendus à -30% en rayon, ce qui signifie que les grandes surfaces vendent à perte car leur marge s’élève en moyenne entre 20% et 25%. Notre rétribution est, quant à elle, supérieure à ce qu’elles seraient capables de générer comme chiffre d’affaires directement en rayon. Mais les gains ne s’arrêtent pas là, car notre modèle adresse aussi le phénomène de cannibalisation des produits prix plein par les démarqués, la gestion de la logistique (plus d’étiquettes à recoller) et la gestion des poubelles (plus de déchets). 

Et que faites-vous des produits que vous n’arrivez pas à vendre ?

Marcel Hulin : Nous collaborons avec le programme européen SAFE, organisme qui a lancé en 2018 le projet "One Man’s Waste is Another Man’s Treasure", ave pour objectif de redistribuer les produits invendus de magasins bruxellois aux personnes dans le besoin, par l’intermédiaire d’associations bénéficiaires. Nous mettons ainsi notre logistique à leur service, en apportant en fin de journée les produits que nous n’avons pas réussi à vendre. SAFE agit comme un coordinateur, nous indiquant quelles associations doivent être livrées. 

Le nombre de demandes a-t-il augmenté ? 

Oui, le nombre de demandes des grandes enseignes et de leurs franchisés est en forte augmentation. Nous sommes donc en discussion avec eux pour définir leurs besoins et adapter notre logistique en fonction. Par exemple, une demande qui revient régulièrement est que nous passions également le dimanche…

Ludovic Libert : Nous essayons de bien rôder notre logistique d’ici à la fin de l’année. Ensuite, nous étendrons notre modèle à d’autres villes, en Wallonie et en Flandre.

Vous avez remporté le premier prix de l’Impact Programme 21/22. Quelles ont été les raisons principales de ce succès ?

Ce qui a impressionné le jury est l’impact d’Happy Hours Market sur l’environnement - rappelons qu’un kilo de nourriture équivaut à 2,5 kg de CO2 - et la société, ainsi que le nouveau business model et l’écoute que nous accordons aux magasins pour incorporer leurs demandes dans notre mode de fonctionnement. 

Je pense à titre personnel que l’ADN d’Happy Hours Market a également joué un rôle important, car si beaucoup d'entreprises ont des core business avec externalités positives, ce n’est pas notre cas : avoir un impact positif est notre core business, notre but.

Marcel Hulin : Happy Hours Market a un impact supérieur à ce qui pourrait sembler de prime abord. Nous fournissons de nombreux rapports détaillés aux magasins sur le suivi de leurs produits, ce qui leur permet par la suite d’adapter leurs propres commandes auprès de leurs fournisseurs en cas de surreprésentation. Il y a ainsi un effet domino positif sur toute la chaine de production.

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