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Mark Read (WPP) : "Les entreprises du secteur de l'énergie fossile doivent faire partie de la solution"

Jeudi 30 Juin 2022

Mark Read (WPP) :

"Agissons contre la publicité complice du chaos climatique" pouvait-on sur le site de Greenpeace.fr pendant le Festival de Cannes. Ses militants auront été des invités surprises quelque peu embarrassants pour les organisateurs des Cannes Lions, voire pour l'industrie elle-même qui n'a cesse de répéter qu'elle peut "faire partie de la solution", parlant de toutes ces choses liées au climat et à la durabilité. 

Durant toute la semaine cannoise, les slogans "No Award On a Dead Planet" et "Ban Fuel Advertising" ont envahi les rues de Cannes et les abords du Palais. L'action guérilla de Greenpeace a débuté dès la cérémonie d'ouverture avec l'irruption inopinée sur scène de Gustav Martner. Cet ancien ECD de Crispin Porter & Bogusky a symboliquement rendu le prix qu'il avait gagné avec une campagne VW pour « dénoncer la complicité des agences de publicité qui collaborent avec des entreprises polluantes et contribuent à retarder l'action climatique ». Quelques heures plus tard, Martner se voyait privé de son accréditation et interdit de Festival....
Dans la foulée, Greenpeace a perturbé une fête de WPP sur une plage : l'organisation accuse le groupe de travailler « pour des entreprises climaticides telles que Shell, Exxon, Chevron et BP » : une quarantaine d'activistes ont débarqué en kayak du Rainbow Warrior pour interpeller les fêtards sur leur responsabilité dans la crise climatique. Plus tard, ces mêmes activistes prenaient carrément d'assaut le toit du Palais avec la grande échelle d'un camion de pompier...

Sur son site Greenpeace indique que "dans son dernier rapport, le GIEC a identifié ces stratégies de communication comme un obstacle à l'action climatique, tandis que plus de 450 scientifiques ont signé une lettre appelant les agences de relations publiques et de publicité à cesser de travailler avec les entreprises de biens et services fossiles. De nombreux spécialistes du secteur ont déjà franchi le cap, à l'image du mouvement Clean Creatives rassemblant les créatifs qui se sont engagés à ne plus travailler pour l'industrie des biens et services fossiles." A méditer. 
Mark Read : Greenpeace a raison, mais...
A ce propos, on notera les déclarations de Mark Read dans Campaign. Le CEO de WPP a déclaré que Greenpeace avait raison de mettre en lumière la crise climatique et l'impact du carbone, mais il estime aussi que les entreprises du secteur de l'énergie fossile devaient "faire partie de la solution" : « Notre travail chez WPP est de les aider à parler de manière juste et précise des mesures qu'elles prennent pour passer à une économie à plus faible émission de carbone. »

Il a aussi déclaré que WPP ne travaillera que pour des clients du secteur de l'énergie qui adhèrent à certaines normes mondiales sur les émissions de carbone : « Nous ne voulons pas travailler avec des entreprises du secteur de l'énergie qui cherchent à contrecarrer l'Accord de Paris. Dans le même temps, nous ne pouvons pas nous engager dans le greenwashing, ni déformer ce que font ces entreprises. Nous formons notre personnel et l'éduquons sur les normes de marketing. » Il admet par ailleurs que le défi pour WPP est de trouver le juste équilibre. 
 

On rappellera que le groupe britannique travaille notamment pour BP et Shell. 
... Et pendant ce temps, le vélociraptor de l’UNDP titille les Lions
Le Programme des Nations Unies pour le Développement a également profité des récents Cannes Lions pour se rappeler au bon souvenir de l'industrie au travers d'une activation bon enfant, incarnée par Frankie the Dino : pour le plus grand bonheur des festivaliers et des passants, cet animatronique inspiré du vélociraptor vedette du film "Don't choose extinction" et de la campagne éponyme, a investi le Palais et s'est baladé sur la Croisette pendant tout le Festival. 
 
L'occasion de remettre en avant le message de cette campagne diffusée l'an dernier - notamment dans les salles obscures grâce au soutien de la SAWA, l'association regroupant les régies cinéma - qui a déjà généré 1,8 milliard de vues : mettre en évidence l'impact pernicieux des combustibles fossiles, proposer des solutions pour la transition vers une économie plus verte et inciter à passer à l'action. La campagne s'encapsule d'ailleurs dans la plateforme "The World of Excuses" développée par Wunderman Thompson qui démystifie les causes de l'inaction climatique. 

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