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Digital News Report 2022 : le phénomène d'évitement aux news s'accentue

Vendredi 17 Juin 2022

Digital News Report 2022 : le phénomène d'évitement aux news s'accentue

Le Reuters Institute for the Study of Journalism a publié son rapport annuel sur la consommation de l'information dans le monde. Cette enquête de référence, réalisée à la fin janvier dans 46 pays - dont la Belgique -, dresse un panorama du rapport à l'information et aux médias. Y figurent également cette année des recherches menées en avril sur la réception de l'information dans le contexte de guerre en Ukraine. 

Le principal constat du Digital News Report n'est pas des plus rassurants pour les éditeurs : il ressort en effet que malgré un contexte social et politique qui rend plus nécessaire que jamais de disposer d'informations fiables et vérifiées, l'évitement des publics vis-à-vis des médias n'a jamais été aussi haut. 

Plus qu'un désengagement total des médias, le rapport met en évidence l'évitement sélectif global de l'information. La proportion de population déclarant éviter activement les informations, de temps en temps ou régulièrement a explosé : ce phénomène touche 38% de la population vs. 29% en 2017. 

Les raisons ? Trop de sujets répétitifs sur des thèmes que les journalistes considèrent essentiels comme la politique ou la pandémie de Covid-19 (43% des répondants), l'effet négatif que les informations ont sur l'humeur (36%), l'impression d'être submergé par des flots d'actualités (29%), la certitude que les médias ne sont pas dignes de confiance (29%), la crainte de créer des disputes (17%), le sentiment d'impuissance face à des nouvelles déprimantes (16%) ou encore la difficulté - surtout pour les jeunes - à se saisir des enjeux (8%).

La plupart du temps, ces derniers accèdent à l'information de façon fragmentée, en assistant à des discussions dans le cercle proche et en se rendant sur leurs réseaux sociaux. Ce qui ne favorise pas la narration linéaire des articles de presse. D'où l'intérêt pour les médias d'explorer de nouveaux moyens de toucher leur audience, via des formats vidéos explicatifs ou des sessions questions-réponses sur les réseaux sociaux, suggèrent les auteurs du rapport.

Deuxième constat, tout aussi inquiétant : après un rebond positif l'année dernière et même si le niveau global reste plus élevé qu'avant la pandémie, la confiance a baissé dans 21 des 46 pays étudiés par le rapport. Les États-Unis possèdent le taux de confiance le plus faible (26%). En Belgique toutefois, cette confiance reste stable et à un niveau élevé : 51%. Et plus encore en Flandre : 57% vs. 43% pour les francophones.
Au fil des années, le rapport a démontré que les médias publics sont les plus cités comme sources d'informations dignes de confiance. La Belgique ne déroge pas à la règle avec des scores de 77% pour VRT News et 68% pour RTBF News.

Troisième constat : les réseaux sociaux sont désormais la source principale d'informations des jeunes (39%), juste devant la presse en ligne (34%). Chez les 18-24 ans, l'usage de Twitter à titre informationnel est en recul, Facebook stagne et est désormais dépassé par Instagram, en croissance régulière depuis cinq ans, tandis que l'utilisation de TikTok à des fins d'information a été multipliée par cinq en trois ans, passant à 15% en 2022. 

Chez nous, pour l'ensemble de la population, les premières sources d'information SoMe reste Facebook (39%), YouTube (19%) et, de manière plus surprenante, WhatsApp  (16%) ; les plus forte progressions sont à l'actif d'Instagram (12%) et TikTok (6%) qui gagnent chacun trois points.
Le rapport s'intéresse aussi aux abonnements et dresse un bilan en demi-teinte : s'il est globalement positif pour les pays les plus riches - en Norvège par exemple, 41% de la population paient pour accéder aux contenus en ligne, dont plus de la moitié pour des titres locaux -, aux États-Unis, ce taux descend à 19%, avec des abonnements majoritairement souscris auprès du NY Times, du Washington Post et du Wall Street Journal. La Belgique se situe d'ailleurs au même niveau que les USA, les deux régions du pays à parts égales.

L'étude indique que l'âge moyen de ceux qui paient pour consommer de l'information étant de 47 ans, le défi sera de convaincre les plus jeunes de payer. Sachant aussi que le public s'abonne la plupart du temps à un seul et unique média. 

Un mot enfin sur les newsletters d'informations : 17% de la population interrogée en lit chaque semaine au moins une. Ce taux grimpe jusqu'à 23 % en Belgique. Celles qui s'en sortent le mieux offrent des contenus pratiques et/ou spécialisés avec des points de vue, agrémenté de touches personnelles venant du journaliste lui-même. 

L'étude est disponible ici.

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