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Le tribut du télétravail, par Petra De Roos (LDV United)

Dimanche 19 Décembre 2021

Le tribut du télétravail, par Petra De Roos (LDV United)

Ce pourrait être le titre d’un album de Bob et Bobette, bien que ce soit moins relaxant. Avant toute chose, soyons clairs : je n’ai rien contre le travail à domicile de temps en temps. Mais depuis un an et demi, le débat sur le télétravail est si mal engagé qu’il est grand temps de remettre les pendules à l’heure. Si nous ne le faisons pas rapidement, je prédis même qu’on parlera bientôt du "très lourd tribut du télétravail". 

Les premières réactions sur le télétravail sont souvent les mêmes : les gens aiment travailler chez eux, être présents quand les enfants rentrent de l’école et, dans l’intervalle, pouvoir faire une lessive. Et leurs patrons (du moins certains d’entre eux) leur ont fait davantage confiance. Tout cela est vrai.

Mais – et c’est un gros mais – les effets latents du télétravail de plus en plus fréquent commencent à se manifester lentement mais sûrement.

En effet, le sentiment d’utilité que procure le travail commence petit à petit à s’éroder quand on l’effectue chez soi. Dans une situation "normale", la (co-)création d’un résultat final génère la satisfaction que l’on tire de son travail. Avec le télétravail (à haute fréquence), l’impression d’être un maillon indispensable d’un ensemble plus vaste diminue, car cet ensemble est beaucoup moins visible. On retire donc moins de satisfaction de son travail.

Concernant le travail en équipe (certainement essentiel dans les métiers de la communication), une sorte de "rythme de groupe" se perd également lorsqu’on travaille principalement à domicile. Ce que je veux dire par là, c’est que les membres d’un groupe s’encouragent mutuellement à poursuivre un objectif commun, en utilisant moins d’énergie que s’ils s’y attèlent seuls. Même quand il s’agit d’une course relais, les membres de l’équipe doivent faire très attention aux uns et aux autres tout au long du parcours afin de se passer parfaitement le relais et réaliser ensemble une performance de haut niveau. 

Connaître le contexte dans lequel l’autre évolue, ce qui crée une connexion et permet de le comprendre, les rencontres qui engendrent la sérendipité, tout cela disparaît à cause du télétravail devenu dominant et provoque, le plus souvent, frustration et incompréhension.

Et donc le moteur s’essouffle, même si l’on fournit davantage d’efforts. Parce qu’on l’oublierait presque, mais le télétravail brouille les frontières entre travail et vie privée. "When people are working from home, they are effectively living at the office", ai-je lu il y a quelque temps. En d’autres termes, le bureau aide les gens à se fixer des limites.

Bien sûr, le télétravail va perdurer. Mais il nous faut le doser très soigneusement et même le limiter, car c’est un poison insidieux qui, sous le faux prétexte d’un meilleur équilibre de vie, mine doucement notre bonheur au travail. Ainsi, de plus en plus de personnes commencent à ressentir les effets liés à une dose excessive de télétravail durant ces deux dernières années.

Par conséquent, concentrons-nous non seulement sur la reprise de l’économie, qui semble être en bonne voie, mais aussi sur le rétablissement de notre personnel, car nous avons encore là de nombreux dégâts à traiter. Nous avons déjà accordé une semaine de vacances supplémentaire à tous les employés de LDV afin qu’ils puissent, avec un clin d’œil de Bob, recharger leurs batteries après n’avoir reçu qu’une trop faible dose de bonheur partagé à l’agence.

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