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Le successeur de l'Internet mobile selon Zuckerberg, par Fred Bouchar (MM)

Jeudi 5 Août 2021

Le successeur de l'Internet mobile selon Zuckerberg, par Fred Bouchar (MM)

A l’instar d’autres gourous de la tech comme Tim Sweeney d’Epic Games, Mark Zuckerberg entend donc contribuer à l’éclosion des cyberespaces, c’est même sa nouvelle vision pour Facebook. Il veut qu’elle devienne d'ici cinq ans le leader du metaverse, comme il l’expliquait récemment à The Verge. Le metaverse serait même le « successeur de l'Internet mobile », selon le nouvel évangile de saint Mark, « un Internet incarné, où au lieu de simplement afficher du contenu, vous y êtes ».
 
Avant lui, l'Américaine Cathy Hackl, experte en technologie immersive, l’avait déjà martelé lors de l’UBA Trends Day 2020 : selon elle, ce concept devrait particulièrement attirer l'attention des marketers de par sa capacité à mixer le monde physique et virtuel. Nous l’évoquions dans un récent dossier consacré au gaming car depuis son apparition dans les années 1990, c’est bel et bien dans l’univers des jeux vidéo que le fantasme du metaverse s’est réincarné à la puissance 10 avec ses communautés qui interagissent sous forme d'avatars (voir ici "Ces mondes virtuels qui le sont de moins en moins"). « Cette nouvelle ère du metaverse va libérer une incroyable créativité, ouvrir de nouvelles frontières et de nouveaux horizons pour les marques et les entreprises », prophétisait Cathy Hackl. 
 
Zuckerberg ne dit pas autre chose, faisant référence à la convergence de la réalité physique, augmentée et virtuelle dans un même espace en ligne et partagé. Il ne s’agirait donc pas d’être davantage connecté à Internet, mais d’interagir de façon plus naturelle par l'intermédiaire d'un casque de réalité virtuelle ou plus probablement de lunettes de réalité augmentée. « A l'avenir, au lieu de se parler par téléphone, vous pourrez vous asseoir avec un hologramme sur mon canapé, et j'aurai l'impression que nous sommes au même endroit, même si nous sommes à des centaines de kilomètres l'un de l'autre », explique-t-il. « Pour accomplir notre vision du metaverse, nous avons besoin de construire le tissu connectif entre les espaces numériques, afin de passer outre les limitations physiques et de pouvoir se déplacer entre eux avec la même facilité qu'entre les pièces de notre maison. » 
 
La nouvelle ambition du patron du réseau social s'incarne dans le développement de Facebook Reality Labs, sa division de réalité virtuelle et augmentée, responsable notamment des fameux casques immersifs Oculus. Celle-ci emploierait déjà 10.000 personnes. « En plus d’être la prochaine génération de l’Internet, le metaverse sera également le prochain chapitre pour nous en tant qu’entreprise. Je m’attends à ce que, dans les années à venir, les gens commencent à nous voir non pas comme une entreprise de médias sociaux, mais comme une entreprise de metaverse », conclut-il.
 
Le metaverse pourrait-il changer le business model d’une entreprise qui a encore augmenté ses recettes pubs de 57% et doublé son bénéfice net au deuxième trimestre 2021 vs 2020 à $10,4 milliards ? C’est forcément le pari de Zuckerberg qui y voit de nouvelles sources de revenu. Côté utilisateurs, bien qu’habitués à la gratuité du réseau social, ceux-ci pourraient être tentés de payer pour se téléporter dans ces nouveaux mondes virtuels cornaqués par Facebook, voire les privatiser ou encore y acheter des biens et des expériences nouvelles. Concerts, spectacles, films, émissions télévisées... de nombreux domaines pourraient en profiter et selon les expériences, nous serions amenés à apparaître aux yeux des autres sous la forme d'un avatar avec des tenues et des objets numériques à personnaliser. Du reste, les éditeurs de Fornite et d’Animal Crossing n’ont pas attendu Zuckerberg pour s’engouffrer dans la brèche.
 
Mais quid des annonceurs, qui sont quand même les bailleurs de fonds de la petite entreprise de Mark ? Son idée est que ceux-ci disposeront de davantage de points de contact avec les acheteurs potentiels dans les mondes virtuels en 3D qu’il nous promet, mais aussi qu’ils pourront se trouver n’importe où dans les trois dimensions du metaverse. 
 
Vous êtes dubitatifs ? Raison pour laquelle Zuckerberg conseille aux spécialistes du marketing de réfléchir déjà à ce que pourrait être la pub de demain dans un monde en 3D... C’est sûr, ils n’ont que ça à faire en ce moment. 

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