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INTELLIGENCE

Truth to be told, par Griet Byl (MM)

Dimanche 24 Janvier 2021

Truth to be told, par Griet Byl (MM)

Selon le dernier Trust Barometer qu’Edelman a publié la semaine dernière, en 2020, nous avons été non seulement confrontés à une pandémie qui sévit toujours dans le monde, mais nous avons également vécu une crise de confiance sans précédent, et nous souffrons d’une méfiance inédite par rapport aux institutions politiques et face aux médias.

L'étude qui a été menée à la fin de l'année dernière sur un vaste échantillon de plus de 33.000 personnes dans 28 pays, affirme que les entreprises sont désormais les institutions les plus fiables dans 18 des marchés analysés. Selon les répondants, elles sont également les seules à être à la fois compétentes et éthiques. Du reste, 68% pensent que les CEO devraient prendre le relais des gouvernements, si ceux-ci n’arrivent pas à faire face aux problèmes qui se posent.

Comment expliquer ce renversement ? Provient-il des efforts maladroits fournis par nos politiciens pour contrôler la crise sanitaire mondiale par la loi ou est-il dû au flot d'informations contradictoires diffusées à répétition par certains médias ? Et les entreprises doivent-elles leur nouvelle crédibilité à la vitesse avec laquelle elles ont su instaurer de nouvelles méthodes de travail suite au confinement ? Ou est-ce la rapidité avec laquelle l'industrie pharmaceutique a mis au point un vaccin ?

Ce qui joue certainement, c’est que nous vivons à l'époque des "post-truth politics", pour utiliser un terme devenu à la mode il n'y a pas si longtemps, et des "echochambers" qui façonnent notre vision du monde depuis que les algorithmes ont pris le pouvoir. Du coup, une chose est vraie tant qu’elle correspond à nos croyances, nos convictions et à celles de nos pairs. Dans le cas contraire, sa justesse est rapidement mise en question. Et le messager devient une cible de choix, accusée de désinformation et de fake news. 

Pour illustrer ce propos, les chercheurs d'Edelman ont testé la confiance des Américains dans les médias, avant et après les dernières élections. Constat frappant : une fois celles-ci terminées, la confiance déjà très faible des électeurs de Trump dans les médias a chuté de 13 points supplémentaires.

Ajoutez à cela le climat anxiogène, d’insécurité et d'impuissance que la pandémie et ses conséquences économiques et autres inspirent, et vous avez le terreau idéal pour la colère et l'indignation, peut-être la maladie la plus chronique de notre temps. 

Mais peut-être faudrait-il se rappeler que celui qui s’indigne n’a pas forcément raison. Et que colère ne signifie pas vérité par définition. Qu’il n’y a aucun lien causal entre liberté d’expression et véracité. « Freedom is the freedom to say that two plus two make four. If that is granted, all else follows », disait Winston Smith dans "1984". Une vérité absolue, à retenir, sans réserve ni modération.

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