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My name was Bond, par Fred Bouchar (MM)

Vendredi 16 Octobre 2020

My name was Bond, par Fred Bouchar (MM)

Entre le pop-corn et la madeleine de Proust. Mon premier Bond, c’était en 1973. "Live & Let Die" que j’ai vu au Coliseum à Charleroi. Depuis, à chaque nouvelle sortie, je me précipite dans les salles : tous les Roger Moore, Timoty Dalton, Pierce Brosman et Daniel Craig évidemment, je les ai tous vus. Je me suis rattrapé en TV pour "Dr.No", "From Russia with Love", "Goldfinger", "Thunderball" et "You Only Live Twice" avec Sean Connery (j’avoue, j’ai zappé le Lazenby), mais fondamentalement, Bond, pour moi, c’est du cinéma. C’est LE cinéma. Mais c’est peut-être fini. Le titre français du prochain 007 était prémonitoire : initialement annoncée en avril, puis repoussée en novembre, la sortie de "Mourir peut attendre" est désormais fixée à mars 2021. Mais découvrira-t-on les nouvelles James Bond Girls en salle ? Rien n'est moins sûr. 

Cette semaine, l’action du groupe Kinepolis a poursuivi sa chute, atteignant son niveau le plus bas de l’année. D’autres exploitants de salles comme AMC ou Cineworld sont dans les cordes. On se doute pourquoi : le report de la plupart des gros blockbusters attendus, des productions annulées ou retardées dans le meilleur des cas, la crainte d’une nouvelle fermeture des salles de plus en plus obscures… Sans compter le double jeu des plateformes de streaming - les frenemies du cinéma -, de ceux qui les alimentent et renforcent leur pression sur les exploitants de salles.
 
Après avoir balancé "Mulan" directement sur Disney+ (les cinéphiles n’ont rien raté) et décidé de jouer la même carte pour le remake du musical "Hamilton" puis pour "Soul", le nouveau Pixar, et même s’il jure qu’il ne s’agit que de tests, le groupe de Bob Chapek ne se cache plus derrière ses grandes oreilles : il accélère la mutation de son modèle économique en tablant sur l'irrésistible croissance du streaming que plus rien ne semble enrayer. 
 
Disney vient en effet d’annoncer une réorganisation de ses divisions media & entertainment avec une séparation entre création de contenu et distribution. Ses différents studios et réseaux TV vont se concentrer sur la production, tandis qu’une équipe distincte sera exclusivement chargée de la distribution et de la monétisation des films et séries. En clair, le cinéma, la télévision et le streaming sont désormais sur pied d’égalité. Pour Variety, cette décision vise surtout à alimenter le gargantuesque binge-viewing des 100 millions d’abonnés payants que comptent Disney+, Hulu et ESPN+, et doper les $3 milliards de recettes engrangées par ces plateformes au trimestre dernier. 
 
Si la crise perdure et si le streaming devient vraiment le tropisme autour duquel s’organisent à la fois les studios hollywoodiens et la Silicon Valley, adoubés par les diffuseurs TV et les opérateurs télécoms locaux, il n’est pas sûr que les diamantaires du septième Art que sont les cinémas restent éternels.
 
De quoi alimenter les débats au sein de nos 669.900 ciné-spectateurs qui se rendent chaque semaine dans les salles. Comme il en faut bien de temps en temps, c’était la bonne nouvelle de la semaine pour nos amis de Brightfish : selon la dernière étude CIM NRS, l’audience AIR du cinéma a progressé de 13% ces 12 derniers mois ! 
 

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