Over the Top : la menace fantôme
Dimanche 20 Octobre 2013
L’Over The Top est en train de bousculer les modèles économiques de la diffusion de programmes audiovisuels. Le concept se définit comme une position stratégique dans la ''chaîne de valeur'' qui consiste à utiliser des infrastructures développées par d'autres pour offrir un service. L’OTT est principalement associé à la diffusion par Internet de flux vidéo et permet à un acteur via la mise en place d’un protocole supplémentaire, d’utiliser les ressources de l’Internet classiques. Parmi ces acteurs, on retrouve les grands du Web - Google, Apple, Microsoft… Avec l’émergence des téléviseurs connectés, cette stratégie s’oppose aux opérateurs télécoms qui craignent d'être relégués au rang de simples fournisseurs de connectivité ; certains disent même que c'est inéluctable. Les chaînes TV se voient menacées d'une autre manière : si leurs programmes sont accessibles sur Internet en libre choix, pourquoi les regarder en direct, sauf pour quelques rares grands évènements fédérateurs ? Pourquoi ne pas aller au bout de la délinéarisation ? Pourquoi les producteurs ne valoriseraient-ils pas directement leurs catalogues sur Internet ou via les App Stores des grands acteurs ? Sans parler des fabricants de smart TV, qui se rêvent aussi en gestionnaires d'App Stores.
Netflix rebat les cartes de la SVOD
Quand on parle de l’OTT, on évoque souvent Netflix, cet ancien loueur de DVD par voie postale qui propose désormais un vaste catalogue de films et séries en SVOD (Subscription Video On Demand). Aujourd'hui, Netflix va plus loin, produit et diffuse directement ses propres séries exclusives, sans passer par les réseaux câblés. L'an dernier, Netflix a cartonné avec ''House of Cards'', la série de David Fincher, balançant d'un coup sur le Net les 13 épisodes de la première saison à la location. Aujourd'hui, Netflix récidive avec ''Hemlock Grove'', là aussi 13 épisodes d'un coup, en attendant de reprendre à son compte une nouvelle saison de la série culte ''Arrested Development'', que la Fox a lâchée. En misant sur ce genre de produits qualitatifs exclusifs, diffusés différemment que sur les réseaux de télévision classiques, Netflix s’est offert une nouvelle jeunesse et renoue avec les bénéfices. Aujourd'hui, Netflix, c'est presque 28 millions d'utilisateurs payants, presque autant que HBO, qui ont consommé plus de quatre milliards d'heures de SVOD au cours des trois premiers mois de l'année ! Fort de cette stratégie qui remet à plat les codes de la production et de la programmation, son CEO Reed Hastings espère franchir le cap des 30 millions d’abonnés aux USA. Mieux, il ambitionne de recruter entre 60 et 90 millions d’abonnés dans le monde dans les prochaines années (le siège européen de Netflix est basé au Luxembourg). Mais d'autres acteurs et non des moindres, comme Apple ou Amazon, sont à l'affût. La bataille de l'OTT ne fait que commencer, on vous le dit.
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