Nl

TRAINING&BOOKS

Wim Vermeulen (Bubka) : « La Terre ne peut plus supporter notre système économique et notre mode de vie »

Dimanche 4 Octobre 2020

Wim Vermeulen (Bubka) : « La Terre ne peut plus supporter notre système économique et notre mode de vie »

Le 8 octobre, Wim Vermeulen, Directeur de la stratégie et du développement durable chez Bubka, et Gino Verleye, maître de conférences en modélisation statistique et méthodologie de la recherche à l’UGent et à la VUB, donneront le coup d’envoi des nouveaux Book-it de l’UBA. Le thème du jour : leur tout nouveau livre, "De Duurzame Belg" (Lannoo Campus).

Wim, pouvez-vous d’abord nous dire un mot sur la genèse du livre ?

Je pense que les raisons pour lesquelles nous avons écrit ce livre vont de soi. La Terre ne peut plus supporter notre système économique et notre mode de vie. Nous puisons déjà dans les réserves et, jusqu’à présent, nous n’avons pas fait grand-chose pour renverser la vapeur. Du moins pas assez pour maîtriser le réchauffement climatique, bien que tout le monde soit conscient du problème.

Lorsque la crise du coronavirus a éclaté, de nombreux experts craignaient que les préoccupations climatiques soient reléguées à l’arrière-plan. Dans ce livre, nous avons voulu examiner quel était l’impact de la crise du Covid-19 sur la dynamique du développement durable. Pour ce faire, nous nous sommes posé un certain nombre de questions. A quel point la population est-elle sensibilisée à la question de la durabilité ? Les gens sont-ils déjà en train d’adapter leur mode de vie ? Que pensent les Belges des entreprises et des marques qui surfent sur la vague durable ? Les réponses à ces questions fournissent des informations d’une importance stratégique tant pour le monde des affaires que pour les décideurs, qui ont une grande responsabilité en la matière.

L’un des aspects que vous avez analysés est l’attitude des différentes générations à l’égard des questions environnementales.

C’est exact. Et nous avons identifié à la fois des similitudes et des différences. La génération Z, par exemple, sort dans la rue, mais ce sont surtout les baby-boomers qui sont très actifs en matière de durabilité. Ils investissent dans le futur des générations suivantes.

Nous avons également constaté que chaque génération a son propre dada écologique. Les baby-boomers ont vécu les débuts du mouvement environnemental, symbolisés par la célèbre photo du lever de Terre prise de l’espace, qui illustre la beauté vulnérable de notre planète. La génération X était quant à elle très préoccupée par la pollution en raison des nombreuses catastrophes environnementales. Aujourd’hui, la génération Z se focalise sur la question brûlante du réchauffement climatique. Mais tous se retrouvent dans la volonté d’un monde plus durable.

Quel rôle notre secteur peut-il jouer à cet égard ?

L’évolution vers un monde plus durable est déterminée pour 80% par la communication autour. C’est logique, parce qu’il s’agit d’un processus de changement. Et la communication est la pierre angulaire de la réussite de tout changement. Et ceci est le changement le plus important au monde ; l’échelle, l’urgence et la nécessité de le réaliser sont uniques. Cela vaut aussi pour la communication autour.

Communiquer est donc important. Les entreprises doivent expliquer les mesures qu’elles mettent en œuvre.  Elles pourront ainsi mieux convaincre les consommateurs de passer à l’action et générer un cercle vertueux. Bien entendu, cela ne vaut pas pour les entreprises qui s’adonnent au greenwashing, qui sont doublement sanctionnées : les gens n’achètent plus leurs produits et ne manquent pas de le faire savoir autour d’eux.

Vous avez également un message pour les pouvoirs publics, qui jouent un rôle clé dans les questions de durabilité.

Veillez à une meilleure régulation. Et adoptez une approche fragmentée. Le problème est tellement immense que les gens ont l’impression qu’ils ne peuvent rien y changer. Il faut l’aborder en petits morceaux, pour que les gens se rendent compte qu’ils peuvent vraiment apporter leur contribution. Cette stratégie a donné de bons résultats pour les sacs à provisions réutilisables et le recyclage. L’objectif suivant est celui des emballages plastiques : les gens sont prêts à changer leurs habitudes et à accepter de nouvelles règles. Et puis il faut mieux informer aussi : la plupart des Belges ne savent pas ce qu’il faut faire pour vivre de façon plus durable.

Dans l’intervalle, vous vous êtes déjà lancé dans un nouveau projet. Pouvez-vous nous en dire un mot ?

Il s'agit d'un documentaire sur lequel je travaille avec Bart Lombaerts (Spyke), Kristof Lasure (De Filmmakerij) et le réalisateur Mathias Brouns : "The Decade of Action". Il est consacré au rôle du monde des entreprises dans cette décennie décisive. La durabilité ne concerne pas uniquement la problématique climatique, mais aussi l’économie, le social. La décennie actuelle déterminera comment nous allons nous en sortir. Un certain nombre de penseurs importants y expliquent leur vision. La première est prévue le 11 décembre, à l’occasion du cinquième anniversaire de l’Accord de Paris. Il n’y a plus de temps à perdre !

Archive / TRAINING&BOOKS