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Retour aux affaires et règlements de compte, par Bruno Liesse (Polaris)

Vendredi 1 Mai 2020

Retour aux affaires et règlements de compte, par Bruno Liesse (Polaris)

J’ai dû rire un peu cette semaine en lisant qu’un certain Cosimo Solazzo, condamné par défaut en 2004 à 20 ans de prison à Liège pour son rôle dans l'assassinat d'André Cools (Ministre d’Etat à l’époque), avait été arrêté. Parce que c’est le Fast (pour Fugitive Active Search Team) de la police fédérale, qui s’en est occupé. Ils sont sûrement de bonne volonté, mais cela leur a quand même pris 16 ans, au Fast : en terme de branding, ils pourraient utilement se repositionner. 

Mais ne rions plus, nous avons déjà adopté le Slow, pour Steady Losers Of Wars. Sans vouloir être négatifs, et comment ne pas l’être, nous avons perdu sinon la guerre du Covid, un paquet de batailles. La pandémie fut aussi celle d’un tsunami d’informations au quotidien, vis-à-vis desquelles il fallait réagir vite et bien. Et dans la majorité des cas, beaucoup de décideurs politiques et du secteur privé n’ont fait ni l’un ni l’autre. Réagir contient le terme agir : un passage à l’action qui devait représenter des risques, certes, mais sans lesquels le pari de ne rien faire vous amène à ne rien gagner et potentiellement, à tout perdre. Plus clairement, nous distinguerons à la fin très progressive de ce lockdown, celles des entreprises et ceux des dirigeants qui auront pris des initiatives, seront sortis du bois, auront au minimum exprimé des remerciements ou de la confiance dans l’avenir. 

Nous retiendrons celles de nos relations qui auront pris et donné de leurs nouvelles, partagé des contenus positifs, intéressants, ou encourageants. Ceux de nos collègues, clients et fournisseurs qui sont restés présents - même virtuellement - adoptant au passage une forme de ton solidaire, unis dans des peines sincères, bien qu’économiques. Nous penserons à ceux de nos concurrents qui auront déposé les armes quelques instants pour combattre ce quelque chose ensemble. Retenir tous les efforts visibles et toute la bonne volonté qui sont les seules armes pour surmonter une tragédie planétaire, qui n’en pas à sa première édition, ni à la dernière. 

Nous ne parlerons pas du reste, les fameux "autres", procrastinés dans une fausse douleur - parlez à un ami qui a perdu sa sœur en une semaine, pour comprendre ce qui nous arrive. Te laat. Ou ceux qui n’ont rien respecté : ni les règles ni les souffrances, dont le meilleur remède était un état d’esprit positif : consultez votre wall et virez-les, ils ennuient tout le monde depuis mi-mars. 

Le confinement en a laissé un grand nombre transis, les individus comme les entreprises. Transformés en statues de sel mais vers l’avant. Alors que le symbole évoquait l’immobilisme des remords et des regrets, ici il fallait aller vite et ne rien lâcher. Au plus haut niveau de l’Etat et des entreprises, ces gens-là ont traîné à peu faire. A politiser, à se miroiter dans le miroir malgré les coiffeurs disparus, à avoir peur, à faire de petits comptes comptables comme si l’année était finie : il est probable que pour eux, ce soit le cas. 

Le confinement aura vu un gros morceau de la population ne rien y comprendre, mais l’utiliser pour vider leurs malaises, râler pour des ruptures de stock en supermarchés, rester figés sans ne rien faire, tantôt restructurer ou couper du budget sans le moindre courage, ni vision ni prise de risque. Le lockdown a révélé le pire et le meilleur de nous. 

Tournant comme un lion en cage, j’avoue m’être lâché de quelques tirs de sarbacane via des messages trop courts et trop virtuels. Ici aussi, je me lâche, mais avec un purpose, un bon, c’est de saison. De la même façon, le déconfinement en verront certains sortir de nouveau à découvert, prêts à être critiqués malgré leurs idées, leur énergie, et de l’optimisme. Voire de la solidarité et de l’amour parfois, même au cœur du marketing car il en a un. 

« Ce que nous avons détruit, nous sommes capables de le reconstruire, et réciproquement. » Ce quote un peu parfumé à la Jean-Claude Van Damme nous vient de la grande Sophie et il est intéressant, en le lisant deux fois. Nous aurons une deuxième vague, je vous le dis maintenant. La bonne nouvelle, c’est que nous aurons une deuxième occasion pour ne pas rien faire, et faire bien.

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