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Droit voisin : 700 voix pour dénoncer l'abus de position dominante de Google

Jeudi 24 Octobre 2019

Droit voisin : 700 voix pour dénoncer l'abus de position dominante de Google

On sait que la France est le premier pays européen à appliquer la Directive européenne sur les droits voisins, censée permettre aux éditeurs de percevoir une rémunération sur les contenus qu'ils produisent et qui sont diffusés sur Google, Facebook et autres plateformes. On sait aussi que Google n’est pas prêt de s’y plier et « bafoue la loi », estiment plus de 700 personnalités dans une lettre ouverte, publiée en ligne dans les principales langues européennes et intitulée « Google une fois de plus au-dessus des lois ? ».

Journalistes, cinéastes, photographes et responsables de médias du monde entier, dont de nombreux Belges, dénoncent ce qu’ils qualifient de « cynique choix de dupes » : « Soit ils (les éditeurs, ndlr.) signent un blanc-seing à Google en renonçant à rémunération, et le modèle actuel à base de gratuité perdure. C'est la mort lente, qui a commencé de vider les salles de rédaction en Europe comme aux Etats-Unis. Soit ils refusent, continuant d'espérer une rémunération. Et on leur promet de redoutables représailles : la visibilité de leurs contenus sera réduite à sa plus simple expression (…) Un suicide pour la presse. Car avant d'arriver sur un site de média, la porte d'entrée des internautes, c'est Google. Les autres moteurs de recherche pèsent trop peu. Les éditeurs le savent : ils n'ont pas les moyens financiers de supporter la chute vertigineuse de trafic sur leurs sites que cette mesure entraînera. »
 
Déplacer le débat autour de l’abus de position dominante
 
« C'est un nouveau bras d'honneur à la souveraineté nationale et européenne. Google veut faire la démonstration d'une impuissance publique à réguler les plateformes, faire plier les médias et les forcer à accepter un modèle économique assis sur la non-rémunération par principe des contenus », écrivent-ils encore, appelant les décideurs publics à une contre-attaque : « Ils doivent muscler les textes pour que Google ne puisse plus les détourner, utiliser tout l'arsenal des mesures qui permettent de lutter contre l'abus de position dominante. » 
 
L’abus de position dominante, Google connaît : le groupe s’est déjà vu infliger trois amendes de plusieurs milliards par la CE concernant AdSense, Android et Shopping… C’est désormais la carte que va jouer la presse française via l’Alliance de la presse d’information générale : elle va porter plainte devant l’Autorité de la concurrence et saisir le gouvernement pour contester les conditions imposées par Google depuis ce jeudi 24 octobre, jour de l’entrée en vigueur de la Directive sur les droits voisins.

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