Nl

CANNES LIONS 2019

Sheryl Sandberg (Facebook) : She's still standing!

Jeudi 18 Juillet 2019

Sheryl Sandberg (Facebook) : She's still standing!

L’un des entretiens ayant attiré les foules lors de cette édition a été l’interview de Sheryl Sandberg par la journaliste de Bloomberg, Caroline Hyde. Si la COO de Facebook n’a pas fait de révélations bouleversantes, elle a su exploiter son charisme et distiller des anecdotes personnelles pour convaincre le public des intentions tout à fait nobles - mais si, mais si - du géant de l’Internet. Elle a si bien réussi à captiver son auditoire, l’intervieweuse et nous-mêmes compris, que nous en aurions presque oublié tous les scandales des douze derniers mois. 

Sandberg a insisté sur l’importance du réseau social et de sa communauté pour faire progresser la société, évoquant l’aide que Facebook apporte aux annonceurs soucieux d’opérer leur transition vers le mobile ou la place cruciale qu’occupera la messagerie privée à l’avenir en tant que contexte idéal pour les marques, en combinant créativité et technologie. 

Hyde s’est étrangement contentée de poser quelques questions timides sur la face sombre de la technologie et sur les problèmes connexes tels que l’atteinte à la vie privée, ce à quoi Sandberg a répondu en utilisant la fameuse technique du mea culpa, que maîtrise si bien son patron Mark Zuckerberg. « Nous avons mal expliqué les choses en termes de protection des données de nos utilisateurs et la publicité ciblée favorise la croissance des petites entreprises. Nous ne transmettons aucune donnée à caractère personnel, et il nous faut mieux communiquer sur ce point pour que les gens n’aient plus peur. En aucun cas nous ne lisons vos messages (et si vous ne croyez pas ça, je vous raconterai autre chose). De nos jours, nous sommes davantage conscients des enjeux du respect de la vie privée. Nous avons laissé les gens nous transmettre trop d’informations. Nous portons une grande responsabilité et nous voulons mieux l’assumer à l’avenir. Des législations telles que le RGPD en Europe indiquent la direction à suivre. » Bref, selon elle, nous pouvons dormir sur nos deux oreilles. Mais est-ce vraiment le cas ? Elle en a même encore remis une couche en affirmant : « Nous ne devrions pas être obligés de prendre autant de décisions, comme nous avons dû le faire, et nous ne demandons pas mieux que l’on établisse plus de règles. » C’est ce qu’elle a dit, textuellement.

Puis la conversation a porté sur les premiers pas de Facebook dans le monde de la finance, avec le lancement de sa cryptomonnaie Libra. Ici encore, il n’a été question que des bonnes intentions du réseau social, qui ferait presque preuve de philanthropie désintéressée. Sandberg a souligné que l’objectif principal était de fournir à tout un chacun un canal d’expression et un moyen de paiement. Ni plus ni moins. Pas un mot sur le danger potentiellement déstabilisant que représente le regroupement de tant d’informations aussi sensibles que les données financières au sein d’un organisme dont on sait à ce jour juste qu’il sera établi en Suisse et s’appellera la Libra Foundation.

Caroline Hyde a ensuite donné un ton plus personnel à l’entretien en demandant à Sandberg quelles leçons elle tirait de sa carrière. « La résilience est un muscle que l’on doit entraîner et développer », a répondu Sandberg, dont le mari est décédé en 2015. « J’ai grandi grâce aux difficultés. La vie continue, on n’a pas le choix. Face aux problèmes, il faut se retrousser les manches. » 

Voilà aussi le principal enseignement que nous retenons de cette offensive de charme, même si l’on l’avait déjà apprise, cette leçon. Quoi qu’il en soit, Sheryl Sandberg est une femme à poigne et nous ne pouvons que souscrire à son faible pour la chanson "I’m still standing" d’Elton John. Un bel exemple de personal brandingde haut vol !

Archive / CANNES LIONS 2019