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Je t'aime, moi non plus, par Harry Demey (LDV United)

Lundi 1 Avril 2019

Je t'aime, moi non plus, par Harry Demey (LDV United)

Cher booking.com, comme j’ai été heureux de faire ta connaissance voici quelques années ! Tu m’as apporté une véritable bouffée d’air frais. Tu es venu bouleverser mes habitudes de façon constructive. Grâce à toi, la réservation d’une chambre d’hôtel est devenue un jeu d’enfant et je pouvais partir en voyage sans devoir tout planifier bien à l’avance. Et, qui plus est, en dépensant moins ! Tu étais une vraie love brand pour moi et le logo de ton application figurait bien en vue sur l’écran de mon smartphone. 
 
Mais le vent a tourné... Car, chère perturbatrice que j’aimais tant, non seulement mon amour envers toi s’est évanoui, mais encore il a tourné à l’aversion. J’ai en effet l’impression que notre amour n’a jamais été réciproque. Tu ne t’intéresses pas à moi. Pire : tu as commencé à me harceler. Il suffit que je pense à toi pour que tu te mettes à me traquer, à tout moment de la journée et dans tous mes trajets numériques. Tu n’hésites pas non plus à me mentir, en affirmant que tel ou tel hôtel n’a plus de chambres libres, alors que ce n’est pas vrai. Seulement, ce ne sont pas "tes" chambres. 
 
Et quand je me rapproche encore un peu, tu deviens carrément frénétique. Tu ne me lâches plus d’une semelle. Quand je cherche des informations pour réserver une chambre d’hôtel, tu me sors tout l’attirail en me bombardant d’offres. Et si je me décide à faire appel à tes services (l’amour rend aveugle…), tu m’enserres immédiatement dans une étreinte dont je ne parviens plus à échapper. À peine ai-je fait le paiement que déjà tu m’envoies des mails avec des codes à transmettre à mes connaissances ou des avis d’autres visiteurs. Tu vas jusqu’à me recommander des hôtels dans ma propre ville. Or, ma bien-aimée en chair et en os dans le monde réel ne serait pas heureuse d’apprendre que je réserve une chambre d’hôtel tout près de chez moi... Mais cela ne t’empêche pas de continuer à me faire toutes sortes de propositions malhonnêtes. En rentrant de voyage, je trouve dans ma boîte aux lettres électronique des offres pour la même destination, mais meilleur marché. Cela, ce n’est plus de l’amour, mais du harcèlement dans sa forme la plus perverse.
 
Le comble, c’est que de nombreux marketeurs suivent ton exemple. Ils te prennent pour modèle en faisant un usage effréné du retargeting. Sans réfléchir un seul instant, mais en faisant une confiance aveugle aux abîmes que sont les réseaux sociaux. Ils s’adonnent sans réserve au stalking, sans jamais se demander ce que les clients en pensent. Ce sont les nouveaux "Mad Men"de notre industrie. Ils utilisent les technologies dernier cri pour traquer les consommateurs et prennent prétexte des algorithmes pour ne pas devoir faire travailler leur matière grise, ne jurant que par la planification programmatique. Ces marketeurs ont oublié l’art de semer et d’attendre patiemment que l’heure de la récolte soit arrivée.
 
Notre métier a besoin de professionnels qui réfléchissent et se remettent à chercher des insights consommateurs pertinents pour les convertir en une communication distinctive. Il nous faut des marketeurs qui osent abandonner Excel pour consulter des ouvrages tels que "When digital becomes Human" de Steven Van Belleghem.
 
Pour faire du marketing, il ne suffit pas de savoir jongler avec les chiffres et de manier avec brio Google Analytics. Le marketing est un métier, pas de feuille Excel. De grâce, ne faites pas de votre marque le prochain booking.com !

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