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CREATIONS

Art buying : La B-side de Christophe Ghewy

Vendredi 8 Mars 2019

Art buying : La B-side de Christophe Ghewy

Dans cette rubrique, nous mettons à l'honneur des professionnels du secteur qui ont une activité créative à côté de leur job principal. Cette semaine, le co-fondateur de Bowling Brands, Christophe Ghewy nous parle de sa "collectionnite" d'œuvres d'artistes belges. 
 
Quelle est votre B-side ?
 
Ce serait en effet dommage de se limiter à une face A ! Ma face B est pleine de choses intéressantes. Je suis notamment actif dans le design et la mode. Mais on peut difficilement dire que la création d’imprimés pour les T-shirts du Cyclo Club Marcel relève vraiment de la mode… Avec le photographe Kurt Stallaert, j’ai aussi lancé Jaegher, une marque de vélo de course. Cette activité associe technologie, artisanat et design. La partie la plus agréable du travail consiste à tester les vélos au milieu de superbes paysages. Pour le reste, je collectionne des œuvres de jeunes artistes belges depuis quatre ans.
 
Comment cette dernière idée vous est-elle venue ?
 
En me rendant compte, sans beaucoup d’originalité, que l’art pouvait être particulièrement inspirant. De plus, nous souffrions d’une relation amour-haine avec toutes les remises de prix. L’achat d’œuvres de jeunes artistes inspirants est aussi une forme de soutien à la créativité - à la différence près qu’il ne s’agit pas de votre créativité. Et, en échange, on obtient de la beauté.
 
Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
 
Nous avons un nombre incroyable d’artistes de premier plan dans notre petit pays. Je n’en connais qu’un petit groupe. Mais il y en a de plus en plus. Il s’agit donc de faire des choix et d’essayer de tempérer son impulsivité. Acheter de l’art peut être très addictif et le syndrome FOMO n’est jamais très loin. Surtout si l’on se concentre sur les jeunes artistes belges. Une autre difficulté consiste à faire la distinction entre un travail graphique sans réel intérêt et une véritable œuvre d’art.
 
Pour autant, l’achat d’art n’est pas une activité créative. Les créateurs, ce sont les artistes. Leur rôle est de représenter sur la toile ou avec de l’argile ce qui n’existe pas encore, ce que personne n’a jamais encore vu. Ce sont eux les vrais fous. Ma seule folie consiste à acheter régulièrement leurs œuvres.
 
En quoi votre métier vous aide-t-il dans votre B-side ?
 
Dans notre profession, il faut avoir une grande ouverture d’esprit. Nous sommes amenés à évaluer des milliers d’idées. Photographes, réalisateurs, maquettes, titres, combinaisons de couleurs, montages, enregistrements sonores... Nous avons une multitude de choix à faire tous les jours. C’est pourquoi nous avons appris à réaliser une sorte de sélection naturelle. Cela nous permet de faire la part des choses entre l’intéressant et le moins intéressant. Mais nous pouvons bien sûr nous tromper.
 
En quoi votre B-side vous aide-t-elle dans votre métier ?
 
S’il est évident que la publicité n’est pas un art, il existe toutefois de nombreux points communs entre les deux domaines. L’art contemporain ne se limite pas à la peinture à l’huile ou à la sculpture. Elle englobe aussi des événements, des vidéos, des spectacles, des concepts, des créations en ligne, bref une variété incroyable de modes d’expression. Dans notre métier, il n’y a plus non plus de limites. Tout est possible pour développer une marque. Sauf si malheureusement les prétests et post-tests en décident autrement.
 
Et comme nous ne nous soucions plus vraiment des prix, d’autres possibilités s’ouvrent à nous. Ainsi, notre agence au grand complet s’est rendue il y a deux ans à la Biennale de Venise. L’expérience nous a à ce point motivés et inspirés que nous avons déjà réservé nos billets pour cette année.
 
Chez Bowling Brands, nous avons déjà eu recours à trois reprises à de jeunes artistes pour nous aider dans l’exécution d’un projet. Le fait de les connaître au préalable et d’avoir déjà visité leur atelier est un atout.
 
Où peut-on voir certaines œuvres ?
 
Faites donc un saut chez Bowling ou à la maison ! Nous vous préparerons un délicieux cocktail et puis nous jetterons un œil ensemble aux œuvres.
 
De quoi avez-vous besoin pour booster votre projet ?
 
Ce n’est pas vraiment un projet. Ni une activité commerciale, d’ailleurs. Je n’ai pas l’intention de vendre certaines œuvres. Je suis satisfait de la situation actuelle et n’ai donc pas vraiment besoin d’un boost. En dehors de mon travail, j’espère juste avoir un peu plus souvent l’occasion d’enfourcher mon vélo Jaegher... 
 
A qui souhaitez-vous passer le relais ?
 
A mon ancien collègue Paul Wauters. Que je félicite chaleureusement pour ses pièces radiophoniques !

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