On a tous vu cette
vidéo d'un YouTubeur américain qui fait converser à l'infini Siri, Alexa et Google Home, de même qu'on a également tous en tête le
piratage de l'assistant vocal d'Alphabet par Burger King, voire le fameux "I'm sorry Dave, I'm afraid I can't do that" de
Hall 9000 dans "2001 l'Odyssée de l'espace"… On peut rire, se moquer ou s'inquiéter de l'intelligence artificielle et des assistants vocaux, mais force est de constater que les bots vont profondément modifier la façon dont nous consommons le Web et envisageons le marketing.
Le récent partenariat entre Walmart et Google préfigure cette lame de fond, et tout indique que les assistants vocaux sont en passe de devenir le nouvel eldorado du marketing numérique. Selon Google, nous entrons dans
"l'âge de l'assistance". Voulant dire que la firme entend vouloir s’extraire du modèle de moteur de recherche classique pour investir les champs de la personnalisation, du Web sémantique et du Web vocal.
Quelques chiffres : Selon Google, 50% des requêtes seront vocales en 2020 contre 20% aujourd’hui. 500 millions de personnes utilisent déjà les assistants vocaux et leur nombre devrait tripler d'ici trois ans. En 2020, les consommateurs gèreront 85% de leurs relations avec les entreprises sans entrer en contact avec un humain (Gartner). Le chiffre d'affaires issu du commerce conversationnel atteindra alors $12 milliards, et ces mêmes assistants vocaux généreront des dépenses publicitaires de l'ordre de $7 milliards (Juniper Research).
Alors que l'écrit a historiquement prédominé dans les interactions en ligne, les cartes pourraient bien être rebattues pour imposer la voix comme le canal le plus intuitif de l'expérience client. « Plus complètes que les recherches tapées dans un moteur de recherche, les requêtes vocales constituent une voie d'accès privilégiée aux attentes des consommateurs, sur lesquels elles permettent de collecter de la data », écrivait récemment
Les Echos.
Les marketers devront donc à nouveau faire évoluer leurs contenus pour pénétrer au cœur des foyers car les assistants vocaux deviendront des canaux d’acquisition incontournables. Sous la forme d’une recommandation, les Amazon Echo, Google Home et futur Apple HomePod pourraient en effet suggérer à l’utilisateur de se procurer tel ou tel produit ou de se renseigner sur tel ou tel service, en fonction du contexte et des habitudes de consommation de l’utilisateur.
Pour le digital evangelist
Stéphane Mallard, ces évolutions sonnent le glas du marketing tel que nous le connaissons : ce n'est plus le client qu’il faudra influencer, c’est son assistant intelligent, ses algorithmes. Comment les entreprises s'y prendront-elles pour gagner les faveurs de leurs clients, alors que ce sont leurs "majordomes" numériques qui seront en première ligne ? « Inutile de chercher à influencer l’achat, l’assistant intelligent du client "punira" les entreprises qui essaieront et il mettra en avant celles qui répondent vraiment au besoin de leur propriétaire. » Un plus pour la vie privée ? On rigole. Sauf à ce que, comme Hall 9000, ces machines parviennent à s'affranchir de leurs concepteurs…
Autre question que je pose volontiers à nos amis éditeurs : quel argument publicitaire restera-t-il aux médias "écrits" dans ce nouveau contexte d'activation par la voix ?