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Dat is politiek !, par Fred Bouchar

Lundi 20 Mars 2017


Dat is politiek !, par Fred Bouchar

Les plus anciens (et/ou les plus cultivés) se souviennent certainement du spot "Chicken" de Guillaume pour De Standaard. La "politiek" évoquée par Gerard Walschap, a une fois de plus pointé le bout de son nez dans un dossier média, TF1 pour le coup, et après ce fameux CA de la RTBF du 15 mars dernier, on peut se demander quelle poule trône au sommet du perchoir ?

A moins qu’il ne s’agisse d’un coq ? Le très efficace lobbying de Philippe Delusinne a manifestement payé. Il avait prévenu qui voulait l'entendre : « Si nous devons réduire la voilure sur l'info, la RTBF se transformera automatiquement en monopole d'Etat », déclarait-il dans L’Echo en décembre. Quand on sait le magnétisme qu’exercent les micros et les caméras de la RTL House auprès de nos politiques, on imagine leur frayeur en lisant cette phrase, et ce chantage à peine voilé de substituer les 40 millions investis en Communauté française par le robinet M6.
 
Pour autant, un accord entre RMB et TF1 aurait-il réellement constitué « un scénario du pire » pour reprendre les termes de Delusinne si l’on en croit la note interne publiée dans La Libre du 17 mars ? Ne serait-ce pas plutôt l’inverse ?
 
Lorsqu’il m’appela au sortir du CA de RMB vers 20h, Yves Gérard ne mâchait ses mots, parlant de « scandale », de « hold-up », se posant des questions sur « tous ces codes de bonne gouvernance que les politiques ont votés et qu’eux même ne respectent pas », se permettant même au passage un parallélisme avec Publifin, dénonçant « des administrateurs qui votent contre les intérêts de leur entreprise », « sans aucune justification », et se demandant finalement « s’il devait continuer à travailler pour de telles personnes »… Des propos d’une telle violence que je les pensais "off", mais qu'il répéta à nos collègues de Pub, en les assumant totalement. « Non peut-être ! »
 
Ces administrateurs PS, CDH, MR et Ecolo n’ont pas compris qu’en refusant à la RTBF et RMB de traiter avec TF1, ils créaient un désastre en devenir pour le marché francophone dans son ensemble. Tous les experts médias que j’ai interrogés s’accordent à dire qu’en poussant TF1 dans les bras de Transfer, on prend le risque d’entrer dans une guerre des prix - « une dépréciation de valeur » me disait Freddy Tacheny lors du lunch BMMA avec Jean-Paul Philippot -, bien plus impactante qu’un recul des parts de marché de RTL et de la RTBF.
 
A l’inverse, un accord avec RMB (ou IP d’ailleurs) aurait sans doute permis de mieux "encadrer" l'offre de TF1. De la même façon qu'un accord avec la RTBF aurait également permis de négocier des contreparties en termes de productions locales voire pour les éditeurs francophones actionnaires d'Audiopresse - ce qui était d'ailleurs prévu dans le projet élaboré par Pélisson et Philippot, si nos informations sont exactes.
 
Aujourd'hui, plus rien ou presque ne peut contraindre TF1 à négocier quoi que ce soit. Sauf à ce que la chaîne décide de lancer sa propre régie. Auquel cas, elle devra légalement contribuer au financement de l’audiovisuel francophone en versant entre 1,4% (jusqu'à 5 millions) et 2,2% (au-delà de 20 millions) de son chiffre d'affaires. On rappellera au passage que Pélisson table sur des revenus qu'il estime entre 10 et 20 millions.
 
D’ici quelques années, on parlera sans doute du dossier TF1 comme d'une « péripétie douloureuse et compliquée » pour reprendre les termes de Philippot lors de son intervention à la BMMA. Mais dans l’immédiat, nul doute que cette affaire qui ne fait que commencer, a déjà fait beaucoup de dégât. Ne fût-ce que dans le chef des patrons de la RTBF et de RMB qui ont très mal vécu le niet sans contre-arguments de leurs administrateurs. Alors que ceux de Philippot « paraissent frappés du coin du bon sens », écrit Christiane Dardenne - elle qui fut la première patronne de la régie de TF1.
 
De cette époque, on se souvient aussi du montage TVB, entre IP et RMB. Un tel mécanisme pourrait-il être réactivé ? Personne n’y croit. Sauf que, évoquant à nouveau cette note de Delusinne citée par La Libre, on lit maintenant que « RTL est ouverte à toute discussion afin d’examiner toutes les possibilités de coopération aux côtés de la RTBF et toutes les pistes d’économies visant à renforcer l’ancrage local par rapport à la concurrence française. » 
 
Quitte à refaire l’histoire, on pourrait aussi prendre le pari (en ligne) qu’un groupe de presse s’intéresse au dossier TF1. Comme ce fut le cas des Editions Francophones de Belgique (EFB) de Louis Croonen à l’époque de Dardenne. Mais là, c’est tout l’équilibre d’Audiopresse qui risquerait de vaciller.
 
Politiek !

FB