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« A cruel new blood sport. Cyberbullying », par Katrien Bottez (ECD, Famous)

Dimanche 16 Août 2015


« A cruel new blood sport. Cyberbullying », par Katrien Bottez (ECD, Famous)

Il y a vingt ans, elle était l’une des femmes les plus décriées au monde. J’ai nommé : Monica Lewinsky. A Cannes, elle a abordé le thème du cyberharcèlement. Intriguée par le sujet et par la personne qui allait le traiter, j’ai pris place dans le Grand Auditorium bondé du Palais. Dès son apparition sur scène, elle a pu compter sur une salle très attentive. D’autant plus qu’elle était superbe, un rien plus élancée que l’image qui m’était restée des photographies de l’époque. Mais c’est lorsqu’elle s’est mise à parler que l’on aurait pu entendre une mouche voler…
 
La romance de Monica ou les débuts de la communication virale
 
Elle fait voyager le public dans le temps pour le transporter à l’époque où, âgée de 22 ans, elle était amoureuse de son patron. Le fait que ce dernier soit à ce moment-là l’un des hommes les plus puissants au monde l’a immédiatement propulsée dans la sphère publique.
 
Tout le monde se délectait des récits émoustillants publiés à propos de cette romance. Et tout le monde pouvait suivre celle-ci dans les moindres détails, tant à la télévision qu’à la radio et dans la presse. Somme toute, son aventure a été l’une des premières à se répandre de façon virale sur la planète. Monica raconte dans son exposé comment elle a vécu tous ces événements.
 
À un certain moment, elle pose la question suivante au public : « Que ceux qui ont déjà fait quelque chose qu’ils ont regretté par la suite lèvent la main ! »
 
Toutes les mains se lèvent.
 
« Et qui pense que tout l’auditoire sait ce qu’il a fait au juste ? »
 
Toutes les mains se baissent.
 
Elle confie les humiliations subies, lorsque le monde entier la traitait de "slut", "vixen", "dimwit" et "the other woman". C’est cette honte qui l’a incitée à rester en marge de la vie publique pendant une dizaine d’années. Elle a été la première victime du cyberharcèlement, avant même que le concept n’existe. Elle en arrive ainsi au cœur de son discours, exprimé dans le titre du séminaire : "A cruel new blood sport. Cyberbullying".
 
L’histoire de Monica a connu une diffusion virale en raison de son lien avec le président des États-Unis. De nos jours, un tel lien n’est plus nécessaire pour faire l’objet d’une campagne de ‘likes’ ou ‘dislikes’ ou, pire encore, pour devenir la victime de cyberharcèlement.
 
Plaidoyer pour l’empathie
 
Avec l’émergence des réseaux sociaux, le partage et la diffusion mondiale d’informations sont devenus un jeu d’enfant. À condition que la nouvelle en question soit suffisamment "croustillante", bien sûr. Monica l’exprime en ces termes : « La honte est devenue un produit qui se vend ». Plus cette honte est grande, plus elle génère de clics. Et plus il y a de clics, plus les recettes affluent. Certaines personnes éprouvent une telle honte qu’elles ne savent pas comment elles vont survivre jusqu’au jour suivant. Et, malheureusement, certaines d’entre elles n’y parviennent pas.

Les propos de Lewinsky sont un vibrant plaidoyer en faveur de l’empathie. Ils nous parlent de l’importance d’entretenir de bonnes relations et de s’entraider. Enfin, ils soulignent la responsabilité des marques dans ce domaine.
 
Because after all, if hate can go viral, maybe kindness can too.