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Marc Vossen : Forever young on my radio

Vendredi 16 Septembre 2016

Marc Vossen : Forever young on my radio

Rarement une séance de photos aura eu lieu dans une ambiance aussi joyeuse et détendue que celle réalisée lors notre entrevue avec Marc Vossen. En dépit de sa longue carrière, le General Manager du groupe Nostalgie/NRJ a conservé un charme juvénile. Pendant trois heures, nous avons écouté avidement les histoires, expériences et réflexions de ce passionné de la radio.

C’était écrit. Il nous a fallu patienter un certain temps pour pouvoir poser la première de nos questions à Marc Vossen. Avant de nous installer dans son bureau, il nous fait visiter jusque dans les moindres recoins le bâtiment à peine rénové de la chaussée de Louvain. Sur notre passage, ce ne sont que des visages souriants. « Il est très important pour moi que mes collaborateurs se sentent bien dans leur peau », lâche-t-il. Ce souci du bien-être et de l’épanouissement de son prochain, subordonné ou non, constituera le fil rouge de tout notre entretien.

 « Le hasard n’existe pas », lance-t-il quand nous lui demandons comment il est arrivé à la radio. « J’ai toujours été fasciné par ce média. A l’âge de huit ans, j’annonçais déjà des disques pour un public imaginaire. Je ne sais pas d’où me vient cet intérêt, mais il se peut que cela ait un rapport avec la manie de mon père de réparer de vieux postes de radio. » Il voulait devenir acteur, mais ses parents s’y opposaient, exigeant qu’il décroche d’abord un diplôme. « Je voulais faire des études sans langues, mathématiques et sciences. C’est pourquoi j’ai opté pour le droit. » Il a fait ses études à l’UCL au milieu des années septante, à l’époque où les premières radios libres voyaient le jour. La ville estudiantine possédait aussi sa station. « Un beau jour, je suis allé au studio et je n’en suis plus jamais reparti. Résultat : j’ai eu une seconde session chaque année. Mais j’ai à chaque fois réussi. Ces études ont formé mon esprit et m’ont permis d’acquérir de la rigueur. »

Dans l’attente de son service militaire (encore obligatoire en ce temps-là), il entre aux AMP comme vendeur. « Je faisais du porte-à-porte avec des encyclopédies. Sans grand succès, d’ailleurs. Je pense me souvenir que je n’en ai pas vendu plus de six pendant les six mois où j’ai travaillé pour la société. En tout cas, cela m’a appris qu’il faut croire au produit que l’on essaie de vendre. Et cela m’a aussi fait grandir en humilité. » Entre-temps, il poursuit ses activités sur les ondes. De 1978 à 1983, il est présentateur sur Radio Contact. Ensuite, il travaille pendant quelques mois comme juriste au ministère des Finances. « Une expérience terrible », se souvient Vossen. « Heureusement, la radio est vite venue me repêcher quand je me suis porté candidat pour un casting à Radio Monte Carlo. J’ai été sélectionné et, depuis, je n’ai plus quitté la radio. »

Après son aventure française et riche de son nouveau bagage technique, il devient journaliste pour Radio Contact et Cristal News - une initiative des co-fondateurs de la radio au dauphin, Catherine Servaes, Francis Lemaire, Pierre Houtmans et Freddy Neyts. En 1985, il devient Directeur d’antenne de FM Le Soir, avant d’être engagé deux ans plus tard au poste de Directeur des programmes chez SIS. Racheté par le français Pro Public, ce groupe va donner naissance à Nostalgie et Chérie FM. Il y restera jusqu’en 1991, année où la RTBF le recrute. « J’avais 35 et, selon mon entourage, pas de véritable profession. C’est pourquoi j’ai décidé d’entrer au service public. J’étais convaincu que mes activités seraient alors prises davantage au sérieux. » Vossen reçoit la mission de diriger Bruxelles Capitale, la radio branchée de l’époque. « C’est Catherine Servaes - encore elle - qui a soufflé mon nom aux fondateurs. Tout le monde a dans sa vie quelques personnes qui jouent un rôle clé et vous aident à aller de l’avant. Elle a été cette personne pour moi. Aujourd’hui, nous sommes de très bons amis. »

The fun, the hits

Marc Vossen restera à l’avenue Reyers pendant neuf ans. Avant d’être contacté par un chasseur de têtes pour la fonction de Directeur Général chez Nostalgie. « A mon retour, j’ai -beaucoup souffert pendant les six premiers mois », confesse-t-il. « A l’époque, les choses allaient mal, tant pour l’entreprise que pour la station. Je pense que nous détenions une part de marché de 6% à peine. Je me demandais souvent si j’avais bien fait d’accepter ce challenge et je me suis arraché les cheveux plus d’une fois pendant cette période. » Ses doutes persistent jusqu’au moment où il reçoit deux conseils en or de deux business angels chevronnés faisant partie de son entourage : Pierre Rion et Alain Marsily. « "Lis "The Law of Success" de Napoleon Hill et suis ton intuition", m’ont-ils conseillé. J’ai lu avec beaucoup d’intérêt le livre qui datait quand même de 1938 et j’en ai tiré de nombreux enseignements. Ensuite, j’ai fait confiance aux gens avec qui je travaillais et, ensemble, nous sommes sortis du tunnel. »

En 2010, Nostalgie fusionne avec NRJ et Marc Vossen devient Administrateur délégué de la nouvelle structure. Quatre ans plus tard, le groupe crée la webradio Chérie FM et la webtélé NRJ Hits TV. « J’ai parcouru toutes les étapes de la radio et quand j’y réfléchis, je me rends compte que je ne me suis plu que là où l’on m’a donné la possibilité de jouer un rôle décisif et permis de laisser mon empreinte. J’éprouve clairement le besoin d’assumer des responsabilités. Pour moi, il est essentiel de pouvoir inciter les autres à réaliser leurs rêves et à grandir. En même temps, je veux m’amuser. C’est exactement ce que nous essayons de faire aujourd’hui chez Nostalgie, NRJ et Chérie FM. La dimension humaine est fondamentale. C’est l’un des atouts du groupe, et aussi ce qui fait notre différence. L’entreprise forme comme une grande famille. »

Mais, comme dans toute famille, les enfants grandissent et il arrive un beau jour où ils veulent voler de leurs propres ailes. « Cela donne parfois lieu à des situations délicates, comme récemment, lorsque nos deux Directeurs des programmes, Stéphane Gilbert et Joël Habay, ont fait savoir presque en même temps qu’ils envisageaient de quitter l’entreprise. Ils ont été très francs concernant leur décision de partir (respectivement pour RTL Belgium et pour la RTBF, ndlr.), ce que j’apprécie beaucoup, mais avec eux disparaissait un quart du comité de direction. Cela aurait pu mal finir. » A l’inverse, après discussion avec son équipe, il en profite pour revoir toute la structure du groupe. « Nous avons transformé la fonction de Directeur des programmes en Brand manager afin de pouvoir mieux répondre aux besoins de nos radios en tant que marques au sein d’un paysage en mutation. Parallèlement, nous avons adapté notre organisation pour créer une structure plus transversale. »

Dreams are my reality

Marc Vossen est aussi un excellent orateur très demandé. En collaboration avec la plateforme es-sense, il donne des séminaires sur l’impact de la communication et l’art de gagner un public à sa cause. Il coopère aussi avec des associations qui aident et accompagnent les jeunes entrepreneurs. « Les Belges sont 4% à rêver de créer leur entreprise. Aux États-Unis, ils sont 52% à caresser ce projet. Comment expliquer cette différence ? Et surtout, comment y remédier ? Entre le rêve et la réalité, il n’y a que deux pas à franchir : la confiance et l’engagement. Pourtant, beaucoup de gens n’osent pas se lancer pour réaliser leurs rêves, tout simplement par peur de l’échec et de la honte qu’ils en éprouveraient. Alors que c’est le contraire qui est vrai : qui ne risque rien n’a rien. »

Le développement personnel est le thème qui lui tient le plus à cœur : « L’épanouissement des personnes est un objectif noble et précieux. C’est pourquoi je prête notamment mon concours à un événement baptisé "Les Clés du succès", qui entend expliquer les bases pour la réalisation effective de ses rêves et projets. J’ai toujours essayé de suivre mes rêves, et j’y suis parvenu. J’ai envie de doper l’énergie positive de tout un chacun et même d’encourager les projets les plus ambitieux. Demandez-vous ce qui vous motive à sortir de votre lit le matin et foncez ! »

Cette même motivation est à l’origine de NRJ Startup, une initiative qui couronne l’entrepreneur le plus audacieux de l’année. Le but est que les idées présentées améliorent le quotidien des gens. « C’est aussi ce qui pousse à faire de la radio : bien sûr, il faut offrir du divertissement, mais il est tout aussi important de traiter des thèmes de société qui intéressent les auditeurs. Et on peut très bien le faire sur un ton positif », ajoute-t-il avec force. Il s'emporte volontiers contre ceux qui contribuent à la dramatisation de la crise et de la vie sociale. « Je lance un appel à tous les médias pour qu’ils prennent conscience de la façon dont ils enveniment les débats. Là où ils devraient s'efforcer de stimuler la recherche de solutions. Car elles existent, aussi petites soient-elles. Il suffit de les chercher, de se laisser inspirer et de passer ensuite à l’action. »

Sweet Caroline

Cela nous amène tout naturellement à parler des choses qui l’inspirent dans sa vie professionnelle comme privée. Il réfléchit quelques instants avant de répondre : « J’ai étudié attentivement la façon dont Pierre Bellanger a assuré le succès de Skyrock. Il a joué un rôle important dans l’évolution de la radio en général. J’éprouve aussi une grande admiration pour l’originalité et l’audace du DJ américain Alan Freed, aka Moondog. C’est lui qui a inventé le terme rock’n’roll dans les années 1950. Freed a osé mélanger la musique des blancs et des noirs, ce qui a suscité pas mal de passions, tant chez ses partisans que chez ses détracteurs. Ce n’était pas rien dans l’Amérique puritaine de l’époque : il était bien résolu à briser le carcan des règles conventionnelles. Malheureusement, il s’est retrouvé plus tard en prison après le scandale lié à la payola et il est mort sans le sou… Mais quel homme ! » Autre source d’inspiration : l’animateur radio Max Meynier, qui lui a appris l’importance de la communauté qu’une radio est à même de forger. « A la fin des années 1970, il présentait "Les routiers sont sympas" sur RTL. Il s’agissait d’un programme interactif avant la lettre, où les auditeurs s’entraidaient de mille et une manières. Cette émission avait véritablement une âme et proposait une combinaison unique entre parole et musique. » Pierre Bellemare, l’historien et conteur d’exception qui a réussi à captiver pendant des années les auditeurs d’Europe 1 dans son style inimitable, est également un grand modèle pour notre interlocuteur. « Et j’ai bien sûr aussi une admiration sans bornes pour les animateurs de Radio Caroline. Saviez-vous que le fondateur, Ronan O’Rahilly, a mis sur pied cette radio parce que c’était l’unique manière de faire diffuser le "Yeh Yeh" de Georgie Fame ? Le tout depuis un bateau en haute mer. C’est pourquoi ma première fille s’appelle Caroline. Je rêvais de devenir pirate. »

Notre question sur ses musiciens préférés le plonge dans l’embarras : « Il me serait impossible de les citer tous. J’adore les voix. De Barry White à Freddy Mercury, de Gene Kelly à Barbra Streisand, de Whitney Houston à Adèle, de Karen Carpenter à Gladys Knicht… Et même de Céline Dion à Seal. Quand ces deux-là chantent ensemble, cela me donne la chair de poule. » Il conclut : « Vous savez, j’aime partager mes émotions avec mes amis et ma famille. Et mers idées aussi. Je pense souvent qu’il faut changer le monde, tant en paroles qu’en actes. Mais pour changer le monde, il faut commencer par une personne à la fois. Cela me semble être une bonne devise. » 
 

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